Je partage ici cette histoire car les messages de ce type sur ce forum m'ont énormément aidé et j'espère que cela sera utile pour quelqu'un, qui sait... Après il faudrait peut-être replacer ce post dans la rubrique 'lutherie'.
Alors, l'histoire en plus long: depuis un moment l'idée de m'essayer dans la lutherie me trottait dans la tête, enfin bon, n'ayant aucune prétention ni envie de devenir luthier (encore moins les connaissances ou les outils) je voulais quand même essayer ou apprendre certains trucs, comme ça, à un niveau purement amateur. Et je me suis dit: si la basse en question a du potentiel, je vais essayer de casser le prix au max, de l'amener chez moi et de tout refaire pour avoir au final un deuxième instrument correct et qui ait un bon son. Le pari était trop risqué (je ne pense pas que j'aie été pleinement conscient de tout ce que cela impliquait) et le volume de travail tellement important pour quelqu'un qui n'a jamais rien fait de pareil, que si j'en avais eu conscience à ce moment-là je n'aurais pas osé franchir le pas. Mais je me dis qu'il est cool parfois d'être un peu naïf ou inconscient, cela permet de se mettre dans un merdier pour ensuite s'en tirer en apprenant plein de choses
.
Pour résumer, il s'agit d'un instrument visiblement construit par un amateur qui a toutefois essayé de le faire dans les règles de l'art (déjà pour les matériaux: épicéa à un veinage serré et assez régulier pour la table, érable pour le fond, les éclisses et le manche) mais avec des aberrations comme l'utilisation d'une espèce de sale colle blanche, érable grossièrement peint en noir pour la touche, chevalet collé et recollé de toutes pièces, mécaniques assez chip et merdiques, absence de filets, vernis abominable et puant qui conviendrait plutôt à un mauvais meuble, pique fixée en biais... A côté de cela l'instrument semblé avoir été beaucoup joué car le chevalet était recouvert d'une couche extrêmement épaisse de colophane qui s'est solidifiée avec le temps...
Je ne veux pas faire un post trop long, donc en bref, les travaux que j'ai dû effectuer:
1. Défonter pour nettoyer à l'intérieur (à cause de la colle blanche j'y ai mis 2 jours; mais ça en valait la peine car à l'intérieur c'était hyper crade)
2. Recoller le fond avec de la colle d'os en fabriquant au préalable un jeu de vis à tabler à partir de tiges filetés en acier
3. Démonter la touche en érable
4. Enlever le vernis (j'ai décidé de ne pas utiliser les solvants par respect pour le bois, surtout vu que les solvants habituels ne marchaient pas
) - deux mois de grattage et une tonne d'huile de coude
5. Préparer une nouvelle touche en ébène avec un nouveau sillet en ébène (j'ai fait une nouvelle touche, mais n'étant pas sûr de pouvoir assurer le creux nécessaire j'ai opté par précaution pour la réutilisation de l'ancienne touche de ma Musima cassée)
6. Poser les filets côté table et fond
7. Démonter les mécaniques, percer des trous pour les mécaniques 'neuves' (récupérées sur ma vieille Musima)
8. Refaire le trou pour la pique, poncer partout et boucher les pores
9. Mettre le vernis à l'alcool (gomme laque) - j'ai immédiatement raté le vernis sur la table et j'ai dû le refaire deux fois
10. Coller la touche en ébène et le sillet
11. Tailler un nouveau chevalet (finalement j'ai pris le parti de réutiliser encore une fois le chevalet réglable de la vieille Musima, surtout vu qu'il avait été taillé pour aller avec la touche que j'ai décidé de mettre)
12. Installer les mécaniques
13. Poser l'âme (avec un fil de laine et une pointe à âme faite à partir d'un cintre en alu)
14. Monter le tout, mettre un jeu de Spirocore Weich d'occase
Alors, est-ce que tout cela en valait la peine? Je dirais plutôt que oui. La basse a une facilité de jeu extraordinaire et le son me plaît beaucoup, elle a beaucoup de graves et une bonne présence dans les bas-médiums. Dans les aigus un peu moins, mais mon réglage d'âme est perfectible, donc je crois pouvoir corriger ça à l'occasion.
Au final je me retrouve donc avec deux basses: une allemande des années 30-40 (d'après mon luthier) qui a un son puissant et clair et une bâtarde construite par on ne sait qui et on ne sait quand, facile à jouer et avec un son bien sympathique. Mais je pense que là je vais arrêter de jouer au luthier et me concentrerai plutôt à apprendre à jouer
. La touche, on voit pas bien, mais noir brillant comme ça, ça fait bois peint. Et le vernis est un gros truc à l'arrache, bien foncé genre cache misère. Le manche on dirait du pin... en tout cas, c'est pas de l'érable ( 
), le bois, le vernis...
Donc j'ai bouché les pores avec de la colle d'os diluée. Je n'ai pas non plus utilisé la touche d'occase que j'avais achetée à 50euros chez Aliénor (je l'ai bien rabotée, huilée et tout, mais pas voulu risquer qd même) et le chevalet Aubert neuf (que j'ai entrepris de tailler tant bien que mal, mais n'ai pas osé de mettre non plus).