woody_haleine a écrit : ↑05 févr. 2018, 22:50
à partir de quel prix on peut envisager d'avoir une basse qui sonne bien partout ?
Toute la question est dans les adverbes : qu'est-ce qu'une basse qui sonne "bien", et surtout "bien partout" ?
Une basse qui sonne aussi bien que basse au monde peut sonner (modèle théorique, comme le corps noir ou le gaz parfait) cumule de nombreuses qualités, tant acoustiques qu'ergonomiques :
- Le son est parfaitement défini : tu en perçois clairement la hauteur ;
- Le timbre est riche et plein, c'est à dire que les harmoniques sonnent avec des volumes homogènes, avec possibilité toutefois d'une prédominance soit des plus basses (la basse a alors un timbre "sombre", souvent recherché), soit des plus aiguës (timbre "clair) ;
- Le son "a du grain", mais n'est pas rauque ;
- La projection est forte : même au fond d'une salle (poulailler d'un théâtre à l'italienne, par ex.), tu entends bien la voix de la basse ;
- Les cordes "déclenchent" bien : le temps de latence entre l'attaque de l'archet et l'émission du son est très court.
Etc., etc.
Les contrebasses "de luthier", c'est à dire les instruments fabriqués à l'unité par un artisan renommé avec des bois de première qualité possèdent toutes ces qualités au plus haut point.
Les contrebasses plus simples n'en n'ont qu'une partie.
À partir de 5/6 000 euros, tu commences à trouver des basses qui conviennent bien à une carrière d'amateur.
Si je me réfère au cursus des écoles de musique, juste histoire de fixer les idées, un élève qui entre en deuxième cycle (trois/quatre ans de pratique, en gros) avec ce genre d'instrument peut aller jusqu'au CEM (diplôme de fin de 3e cycle court, pour les élèves qui ne se destinent pas à être pros) tout à fait tranquillement. Ce sera à lui de peaufiner sa sonorité jusqu'à ce qu'il tire de l'instrument tout ce qui peut en être tiré.
À partir de l'entrée en cycle spé, ça commence à avoir du sens de se poser la question d'un instrument à 20 000 € et plus, surtout s'il y a du Sup' dans l'air. Pour un jeune homme ou une jeune fille qui peut raisonnablement viser l'entrée en CNSM, il n'est pas sans intérêt de passer son DEM, puis par la suite les concours des conservatoires supérieurs avec un très bel instrument. À ce niveau, ça a du sens.
À des niveaux plus modestes, il me semble qu'il est préférable de s'attaquer en priorité à l'amélioration du bassiste plutôt qu'à l'amélioration de la basse, sauf si on a des revenus qui permettent de ne pas se soucier du prix.
Et pour finir de répondre à ta question, si ta priorité est un son propre, en homogénéité avec le reste du manche aux positions du pouce sur les cordes A et E, il me semble que ça peut se trouver dans ces prix-là.
Simplement, il faudra peut-être savoir te montrer patient et essayer plein de basses chez plein de luthiers avant de trouver pile poil celle que tu cherches.
Et peut-être aussi lâcher du lest sur les autres créneaux : accepter un déclenchement un peu lent, ou une projection un chouïa poussive, ou une corde Sol qui nasille un brin, etc.
Bref, mais tu t'en doutes, à 5 000 € tu n'auras pas un instrument doté des mêmes qualités qu'un autre qui en coûte 20 000 de plus.