Gary Karr vidéos

[panurgeceline]

Il y a sur You tube quelques vidéos de Garry Karr. Sans rentrer dans les détails, il a été le premier à faire de la contrebasse en soliste un métier ? temps plein. Ses vidéos ressemblent ? celles de concerts d'une rock star, et (quoiqu'on puisse discuter la qualité du répertoire et sa profondeur) ça nous laisse songeur Quant à l'ombre port?e encore aujourd'hui sur cet instrument en tant que soliste. Gary Karr pouvait remplir des salles prestigieuses (pouvait, car depuis 2001 il a décidé de se consacrer uniquement ? ses enregistrements studios: pour les connaître, je vous conseille de vous rendre sur son site). Il faut dire que sa personnalit? était exceptionnelle, fondue dans une virtuosité rarement gratuite, et une musicalité hors du commun. Regardez comme il fait corps avec sa basse, comme c'est lui avec elle qui chante!
Cette contrebasse qu'il utilise est très fameuse, comme chacun sait - on la nomme habituellement Karr-Koussevitzky, car c'était la basse achetée par Koussevitzky en 1901 que sa veuve a donnée ? Karr après un concert de celui-ci où la brave femme a cru voir le fantâme de feu son mari sur scène! beau cadeau. On a longtemps cru que cette merveille était la seule contrebasse sortie des ateliers Amati, et on la datait du début 1600, lui prétant des propriétaires prestigieux comme Dragonetti par exemple. après moult études sur la Karr-Koussevitzsky, on s'est rendu compte qu'il s'agissait plutôt d'une petite française du début 1800 - bref rien à voir! Elle nous prouve que la puissance et la qualité sonores d'une contrebasse n'ont rien à voir avec sa taille, car c'est une petite contrebasse. Gary Karr, g?n°reusement, en a fait don ? l'association des bassistes qu'il a fond? - car le personnage se veut faire le promoteur dans le monde entier de cet instrument.
On peut voir ici sa technique très personnelle: il n'hésite pas à faire le yo-yo sur la corde sol afin de garder une d?finition sonore intacte, et sa grande virtuosité le lui permet. Egalement lorsqu'il veut faire chanter son instrument on remarque qu'il d?cale son archet vers le chevalet, jouant tout contre celui-ci, afin de projetter le son devant soi et que celui-ci ne tombe ni ne s'effrite. Enfin la rondeur de sa main gauche sur la touche, pour lui imprimer une mobilit? maximale.
D'abord l'extraordinaire deuxième mouvement de la sonate d'Eccles, qu'il joue très (trop?) vite, avec beaucoup d'humour et une très grande intelligence dans l'interprétation: les deux parties qui structurent la courante prennent deux couleurs différentes, alors que le tout garde une coh?rence remarquable. Ne pas se fier aux grimaces, donc, même si elles sont très drôles - et on admire sa facult? à faire le clown sur un tel tempo!

Pour changer de registre: une splendide pièce de Paganini (on ne souligne ? mon sens jamais assez ? quel point ce compositeur était un très grand mélodiste), où la mélodie principale s'?tend tardivement pour chanter entre les mains de Karr de façon très émouvante, toujours avec une pointe d'humour car Karr discerne très bien dans la pièce la sensiblerie un peu mielleuse, et au lieu de la gommer il la propose avec un peu d'ironie, de nostalgie aussi, comme pour une rangaine un peu facile qui ne nous sort pas de la tête - et puis, sans crier gare, les variations diaboliques qu'il execute avec une facilité et une d?contraction d?concertantes. On retrouve ici les caract?ristiques de jeu que j'ai évoqué plus haut.

Pour la pure performance maintenant - mais parce que Gary Karr en a une conception amus?e, irr?sistible - lorsqu'avec une telle technique d'autres pourraient se prendre au sérieux:

Une splendide contrebasse - un grand artiste, tout simplement.

[Rem's doublebass]

Ma parole ! C'est un mémoire !

C'est sûr, Gary Karr est un contrebassiste génial et les vidéos le prouve...

deuxième mouvement de la sonate d'Eccles, qu'il joue très (trop?) vite

D'autres l'ont pris ? des tempi plus rapides sans le dénaturer...(h?las je n'ai plus le CD ni le nom) le tempo me paraît idéal.
C'est vrai que son humour et sa d?contraction sont assez incroyables. Y a du chemin à faire, pas vrai les amis ?...

[Patrick MANET]

On a longtemps cru que cette merveille était la seule contrebasse sortie des ateliers Amati, et on la datait du début 1600, lui prétant des propriétaires prestigieux comme Dragonetti par exemple. après moult études sur la Karr-Koussevitzsky, on s'est rendu compte qu'il s'agissait plutôt d'une petite française du début 1800

Une làgende tombe
Un ami ancien élève de Karr, m'a dit avoir vu arriver l'instrument dans un étui en cuir, m'a décrit Karr sortant f?brile l'instrument de son étui....
Tu peux m'en dire davantage sur l'expertise de cet instrument ?

[panurgeceline]

Je vous indique ici en lien un article passionant sur une expertise qui a d?terminé l'incertitude de l'origine de cette basse mythique:

http://web.utk.edu/~grissino/downloads/karr%20bass.pdf

Quelques indications de lecture: à partir du cinquième paragraphe de l'introduction, commence la remise en cause, d'abord sugg?rée; après intervient l'explication scientifique, qui n'impose aucune direction mais propose quelques pistes; les conclusions scientifiques se trouvent à partir du troisième paragraphe de "Discussion". L'"Abstract" en chapeau du travail résume le projet.

En gros (lire l'article pour toutes les précisions) il s'agit d'une recherche bas?e sur des études de dendrochronologie, i.e. la lecture des anneaux que le temps imprime sur les arbres, en prenant bien sûr en compte le fait qu'il s'agit sur la "Karr-Koussevitsky" de bois mort!

Ces études scientifiques n'expliqueront jamais la sonorité unique et exceptionnelle de Garry Karr. Certains ? juste titre estiment qu'il n'a fait que de la démonstration, sans jamais prendre en compte la vraie richesse de la contrebasse - et encore moins toute sa profondeur. Outre le fait que cela n'est plus tout-?-fait exact (cf. son site internet où on trouve des transcriptions des suites de Bach, par exemple), on ne peut enlever le g?nie d'un musicien sous prétexte qu'il a aimé la légèreté et l'humour, avec comme charpente cette qualité assez rare - le panache. Sa virtuosité, parfois au service de frivolit?s, lui a permis ? ? peine 18 ans d'enregistrer pour l'une des toutes premières fois cette fameuse sonate d'Eccles; Rem's doublebass a dit ? propos d'elle: "D'autres l'ont pris ? des tempi plus rapides sans le dénaturer"; je ne vois pas très bien comment on pourrait prendre la Courante plus vite! peut-être en jouant une note sur deux, et encore...Cependant, lorsque vous dêtes que c'est le tempo idéal, je suis totalement d'accord. Mais il faut pour cela avoir cette technique d'archet magique, cette agilit? des doigts prodigieuse, et j'en suis loin, mais alors très très très très très très loin.
En d?finitive je crois que derrière la basse mythique et les clowneries il y a la quintessence du musicien.
J'espère en tout cas que le lien sur l'expertise de la "Karr-Koussevitsky" vous aura été utile.

[Patrick MANET]

Je vous indique ici en lien un article passionant sur une expertise qui a d?terminé l'incertitude de l'origine de cette basse mythique

Merci pour cet article dont je ne peux profiter pleinement vu mes grandes lacunes en anglais, dommage, mais je vais essayer de trouver quelqu'un pour m'aider dans la traduction

En gros (lire l'article pour toutes les précisions) il s'agit d'une recherche bas?e sur des études de dendrochronologie

Je ne doute pas des possibilités des scientifiques ? d?terminer l'?ge d'un bois, mais les luthiers experts sont en général les plus ? même d'attribuer un instrument ? tel facteur ou ? tel autre. Il est ?tonnant que personne n'ai mis en doute l'origine de cet instrument. peut-être une copie parfaite deux si?cles plus tard...
Nos amis luthiers ont une opinion ?

[panurgeceline]

Revoici le grand Gary Karr dans une oeuvre qui sied admirablement à son style de jeu, son grand vibrato et ses glissandi qui en font hurler beaucoup, frémir quelques-uns... Oeuvre jouée sur la basse du compositeur (et accessoirement chef d'orchestre...), la fausse Amati! Honte sur l'orchestre minable qui l'accompagne, ainsi que sur la prise de son effroyable... Mais il faut imaginer ce que ça pouvait donner...

2ème mouvement:
3ème mouvement:

[panurgeceline]

Pour ne pas créer un topic inutilement, je continue sur la lancée en indiquant ici le lien d'un entretien avec Gary Karr puis d'un petit récital avec notamment une étonnante Somnanbula, très impressionante et pleine d'humour. Aussi: au début, Ombra mai fu, joué aussi (mieux joué selon moi) par Jeff Bradetich dans un de ses disques (cf. post Jeff Bradetich). On en pensera ce qu'on voudra. Pour ma part, j'aime qu'on joue Bottesini avec humour.
http://blip.tv/file/1089416/

[panurgeceline]

Le grand Gary Karr dans ses oeuvres... Il s'agit d'enregistrements désormais légendaires, qui ont révolutionné le jeu de notre bel instrument...

Concerto de Koussevitzky, géniale interprétation : quelle clarté, quelle netteté, et quel lyrisme (quel archet et quelle main gauche... etc. etc.....):
1er mouvement:
2ème mouvement: (superbe!)
3ème mouvement:

Concerto de Dragonetti (E. Nanny?..), qui me fait penser au génie d'une toute autre école dans son approche du répertoire classique, L. Streicher: virilité agressive, tous muscles dehors, qui me semble tout compte fait assez convenir à ce répertoire...
1er mouvement: (pourquoi les quelques "pains" qu'il envoie de temps à autre à la main droite? sinon très réussi)
2ème mouvement: (très décevant selon moi)
3ème mouvement: (impressionnant de maîtrise et de netteté, malgré là encore les quelques "pains" à l'archet; à noter la cadence qu'il joue, sans doute qu'il a composée, amusante avec un passage sidérant en pizz ! )

Quels sont vos avis ?