Le jazz vivant français est-il en train de mourir ?

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timo
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Le jazz vivant français est-il en train de mourir ?

Message par timo »

Salut tous,

J'ouvre ce nouveau topic suite à une coïncidence : je sors d'une répétition avec des copains, pendant laquelle nous nous sommes beaucoup lament?s de notre incapacité ? trouver des concerts pour nos groupes respectifs. Et en arrivant chez moi, je re?ois un MP d'olive qui me dit à peu près la même chose. Donc je me disais qu'on pouvait carrément en parler ici, même si c'est un peu hors sujet vis-?-vis de la contrebasse. Mais c'est aussi un sujet qui concerne pas mal de monde ici, et puis tout simplement, il y a ici des gens que j'estime, et j'aime bien causer de ce genre de choses avec mes copains basseux. ;)

Le constat est le suivant : pour une formation qui joue une musique de qualité, sans pour autant appartenir au gotha des stars du jazz hexagonal, il est quasiment impossible d'arriver ? intéresser les salles et les festivals hors de sa région.

Je balance quelques observations en vrac :
  • Les festivals sont submerg?s de d?mos, disques, et plaquettes de toute nature. Ils re?oivent en moyenne un millier de d?mos par an, et ils n'ont pas les moyens d'écouter tout ce qu'on leur propose.
  • Comme ces festivals n'ont pas beaucoup de moyens, ils préfèrent souvent programmer une "star" et ainsi s'assurer un minimum d'entrées. Une prise de risque suppl?mentaire en programmant une "découverte" est très rare de nos jours, on dirait. Mais du coup, quand je regarde les programmes des festivals, j'ai l'impression que ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent. C'est moi qui suis parano ou alors vous constatez la même chose ?
  • On pourra dire que peut-être nous n'avons pas un niveau suffisant, ou alors, pour les provinciaux d'entre nous, que c'est notre statut de p?quenauds qui nous handicape. Mais l?, j'ai quelques contre-exemples : mon pote Yoann Loustalot a sorti l'année dernière un super disque encens? par toute la presse (Jazzman a mis un "Choc !"), il est Parisien depuis quelques années maintenant, et avec tout ça, il n'a pas trouvé UNE SEULE DATE en région ! Pas une seule. Pas un seul festival intéressé.
  • Quelqu'un m'a dit que le niveau avait beaucoup monté et qu'il y avait tout simplement plus de bons groupes, donc plus de concurrence du côté des musiciens.
  • Il est (fortement :mrgreen:) possible que nous ne soyons pas de bons vendeurs. Mais j'intuite quelque part que même avec un bon vendeur, ça ne change pas fondamentalement la donne. Chais pas.
  • Est-ce que ça signifie tout simplement, que plus personne ne s'intéresse au jazz et que toute la demande dispara?t ? Comment expliquer une telle fracture entre les musiciens de jazz et Monsieur Tout-le-monde ? Est-ce que nous avons vraiment trop abus? ? jouer des musiques trop herm?tiques ? Est-ce que c'est la faute ? la t?là ? :mrgreen:
  • Nous autres musiciens sommes assez d?sorganisés quand on nous compare, par exemple, aux th??treux et aux danseurs qui, eux, fonctionnent en compagnies, obtiennent des subventions, etc. Mais d'un autre côté, même si on a un financement public pour organiser des concerts, comment faire pour que les gens viennent ? Ou alors, faut-il aller ? eux, organiser des concerts gratuits dans des endroits où il y a du monde ?
voilà c'est tout ce qui me vient pour l'instant. Qu'est-ce que vous en pensez ? Qu'est-ce qu'on peut faire ?
DolganoFF
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Message par DolganoFF »

Mais c'est parce que le jazz n'est enseigné nulle part ? l'école publique. Il n'y a rien à l'école, même presque rien au conservatoire à part de quelques "ateliers jazz" que très peu d'élèves fréquentent !

J'ai joué dans un orchestre amateur qui s'appelait big band, je t'assure que 90% des musiciens ne savaient pas faire différence entre swing et bebop (quand ces mots leurs disait quelque chose et c'était déjà pas gagné!)
Ce qu'on faisait c'était de la variet (what a wonderful world, peter gunn etc) mais tout le monde croyait que c'était le jazz... Et ça, c'est une population "éclaire"...
Dernière modification par DolganoFF le 08 janv. 2008, 14:09, modifié 2 fois.
man.drill
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music

Message par man.drill »

peut etre que le public francais n'a pas une culture musical afro americaine; y'a qu'a voir l'engouement pour le jazz manouche et les music de l'est qui sont déjà plus proche de notre culture;
l'accord?on est bcp plus populaire et festif: dans notre histoire pendant la guerre y'avait des bals clandestin perdu en pleine nature ,juste un accordeon et des gens qui dansaient.
au etats unis pareil charlie patton , robert johnson ,un doobro en plein soleil avec la poussiere des centaines de gens qui attendaient que le mec envoi la sauce avec son unic doobro et sa voix,j'imagine le flip ,il fallait faire don de soi.
on s'est peut etre éloigné du role du musicien
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gigi
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Message par gigi »

Mon humble avis en tant qu'amateur jouant dans plusieurs orchestres où pro et amateurs se cotoient est qu'il y a un développement + + des soirées proposées au public (école de musique, communauté d'agglom?ration, th??tre, MJC, etc...) Et c'est toujours (pratiquement) les mêmes personnes (familles) qui s'y rendent. Donc, que faire pour attirer ceux qui ne bougent jamais ?! (l?, je sais p? !)
En jazz nous avons créé, avec plusieurs potes, une association qui nous permet de proposer l'organisation de cabarets jazz au sein d'une commune.
La commune nous préte les lieux, fait un peu de "com" et nous nous faisons fonctionner notre réseau d'amoureux du jazz. Le concept est simple mais j'insiste auprès des adjoints (d?làgu?s ? la culture) que ce n'est pas un concert et que les gens sont libres de circuler, de parler etc... En fait on réinvente Saint-Germain des près années 50-60.
Je suis ?tonn? du résultat car ? chaque fois ça plait et les gens écoutent et même participent ( souvent par la danse). Alors est-ce parceque ce n'est pas un concert ? et la d?contraction est de mise ? je ne sais pas. Des jeunes découvrent le jazz (nous jouons des standards) et les personnes d'un certain âge nous disent retrouver un temps qu'ils pensaient oublié.
Puisse notre modeste action participer de l'intérêt du public pour des scènes plus grandes.
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Franck B
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Message par Franck B »

Cher Timo je trouve que tu ouvres un debat qui est pour moi très important :souvent on pense que l'herbe est plus verte chez le voisin même si je ne me fais plus d'illusions.

Je vais essayer d'apporter ma vision et mon experience sur un sujet cruciale.

D'abord il ne faut pas se leurrer il suffit d'ecouter les infos pour bien savoir que nous sommes en pleine crise ?conomique et on nous le rabache chaque jour.
La culture en subit le premier choc et en paye evidemment tres cruellement les consequences.Le mot rentabilit? ? tous prix devient le maitre mot de notre société et le Jazz ,musique marginal par excellence,ne peut y avoir sa place.

Je vais reprendre tes differentes observations ,très pertinentes, et essayais d'ajouter mes propres observations,constatations,remarques...
  • Pour ce qui est des festivals qui croulent sous les demos etc c'est une consequence non seulement de la profusion de groupes mais aussi de la disparition de pas mal de festivals :J'habite une region qui ? une longue tradition festivaliéres.Pour pas mal de villes et villages de Provence avoir son festival de Jazz etaient un atout majeur pendant la periode estival dans une region ? fort attrait touristique.Dans les années 80/90 chaque village ,casiment, avait son festival ou même simplement un concert de Jazz et sur les "gros" festivals il etait toujours possible de placer un groupe regional en "Off" ou meme une premiere partie d'une tête d'affiche.
    Les reductions budgetaires et le desengagement de l'Etat sur les affaires regional en ont fait disparaitre beaucoup (plus le fait du desinteret du public pour le Jazz mais j'y reviendrais plus tard )...
    Je les comptes sur les doigts maintenant les festivals de Jazz dans ma region (J'ai encore des vieux Jazzmans listant un nombre impressionnant de festivals en Provence Alpes Cote D'azur ).
  • Evidemment la consequence de ces reductions budgetaires c'est une certaine rentabilit? en prenant des têtes d'affiches et en supprimant première partie/festivals "Off".Il faut savoir que les festivals et ,pas seulement Jazz, fonctionne souvent tout le temps ? perte :c'est pas les entrées qui permettent de financer tout une organisation.Les aides culturelles regional ou national se reduisant ? une peau de chagrin donc on prends des valeurs sur et seulement elle.
    Mais même localement je vois souvent les mêmes musiciens jouer dans Piano-Bar ,associations de Jazz Etc.Les Gig "reguliers", Sofitel ,restaurant ne font plus de Turn Over.L'epoque etant tres dur les musiciens garde leur place precieusement .
  • Je ne pense pas qu'il y a des meilleurs musiciens ? Paris qu'en Province.Par contre c'est logique qu'il y a plus de musiciens et donc proportionnellement de niveau plus "elev?" comme il y a plus de musiciens ? Marseille qu'à Clermont-Ferrand :mrgreen:
    Beaucoup de musiciens qui s'etait etabli ? Paris d'ailleurs sont revenu :J-P Arnaud batteur de Johnny Griffin ,Henri Florens (Belmondo,Barney Willem..).Mais le fait d'avoir Paris ? 3h de TGV de Marseille simplifie enormement les choses.
  • Oui le niveau s'est elev?s c'est certain:maintenant que le Jazz s'est institutionnalis?s il y a profusion d'ecoles ,conservatoire avec cours d'ensembles.Tout le monde joues bien .Je joue avec des vieux musiciens et souvent il me le dises il y a 30 ans on demandais ? un contrebassiste simplement de faire Boum Boum derriere le soliste et c'etait bon...Mais aux U.S c'est la meme chose.
  • Etre mauvais vendeur ? Tu sais Timo je connais des tourneurs qui refusent de s'occuper de groupe de Jazz :beaucoup d'energie depensées pour trop peu de resultat et rentabilit? d'abord la rentabilt?.(Time is Money)
  • La on atteind un debat philosophique.Le Jazz ? toujours etait une musique "marginale" ,elle ? etait souvent support?s et nourri par des benevoles souvent très passionnées et bien sur elle subit comme tout art des effets de "mode".En ce moment le jazz manouche ? le vent en poupe dans les années 70/80 c'etait la Fusion et le Post-Bop.Personne ne connait la prochaine "mode" de demain.C'est aussi une musique qui a evolu?s tres vite,vraiment très vite plus que tout autre art (ecouter un disque des années 35 puis des années 68 ... et seulement 30 ans entre les 2 !) subissant des crises de croissance et autres .Mais quelle Jazz faire alors ?
    On est coup?s en deux entre le desir de creation personnelle et de faire du Jazz plus classique et standartis?s...
  • Je vis dans un quartier ? Marseille tres artistiques et je rencontre des theatreux,des musiciens de divers genre ,des peintres ,photographes et je t'assure les même problèmes se posent aussi pour eux evidemment il est plus facile de vendre une piece de theatre qu'un concert de Jazz mais eux aussi ont subit de plein fouet les reductions de budget culturelles,ils s'en sortent un peu mieux c'est tout.
    Il faut savoir que le musicien de jazz est plutot un solitaire:il ? son reseau ,quelques groupes avec qui il jouent et cela s'arretes tres vite.A Marseille certains on essayés de federer tout ça mais ont echouer rapidement du justement ? ce caractere independant du musicien de Jazz
Que faire ?
J'ai souvent l'impression d'etre dans le même etat d'esprit que ces ouvriers dont on ? ferm?s l'usine comme on voit de temps en temps aux infos.Mais c'est pire en fait car aucuns medias ne relaye nos deboires ou s'interresse ? nous.La balle est evidemment dans les pouvoirs publics et les hautes instances culturelles mais bon en ce moment c'est pas gagné :je n'ai pas entendu une seule fois le mot culture dans la campagne presidentielles.
J'espere pas avoir donné une vision trop sombre mais plutot realiste de ce qui se passe actuellement mais en ce moment c'est plutot le Wait And See qui predomine .
Dernière modification par Franck B le 09 janv. 2008, 10:48, modifié 1 fois.
La definition du demi-ton ?
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benoa
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Message par benoa »

Salut

j'ai lu aujourd'hui ce billet de Pierre Bertrand, crçateur et leader du Paris Jazz Big Band.. Bien dans le thème abordé ici.

http://www.grandsformats.com/index.php?display=home
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DanQuem
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Message par DanQuem »

je veux juste mettre le doigt sur un problème concomittant: la difficulté de trouver des lieux pour jouer. Dans mon département une d?cision de la Drac (Direction régionale des Affaires Culturelles) risque de faire disparaitre quelques scènes en imposant aux cafés qui organisent de petits concerts une licence d'entrepreneur de spectacle avec les investissements que ça implique, tout en sachant que les cafés qui la demanderaient ne seraient autorisés ? n'accueillir qu'un tout petit public rendant l'organisation de concert non rentable. voilà pour faire une musique vivante il faut pouvoir la jouer et la faire entendre.

Une p?tition circule sur le net:
http://www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1438
Points cardinaux de ma boussole musicale: Tango, musiques trad', classique, swing, bop
http://www.myspace.com/tangonevez
http://www.myspace.com/tangorrion
http://www.myspace.com/pennartango
http://www.myspace.com/dzirba
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gerald
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d'accord

Message par gerald »

Bonjour à tous

Je voulais juste ajouter (faute de temps) que le problème semble vraiment général... Quant aux discussions sur les styles ou sur le côté intellectuel du jazz je ne crois pas que ce soit le problème.
Pour preuve je joue dans un groupe de jazz manouche le Dino Mehrstein 4tet qui a une petite notoriété et on n'a jamais eu si peu de concerts. même notre tourneur se mord les doigts. Et Marcel Loeffler me disait la même chose : il est invit? pour des All stars mais n'arrive pas vraiment à faire jouer son groupe.

J'organise aussi des petits concerts dans un café sympa aux entrées. Notre seule pub est un mailing... et nous arrivons sans problème ? avoir entre 60 et 100 personnes.
Donc le public est là !! En tout cas ? Strasbourg

Par contre le jazz v?hicule une image de musique tendance/prise de tête (et j'aime beaucoup bien des musiciens associ?s ? cette image) et la programmation des festivals me semble aller de +en + dans ce sens.
Jazz d'or qui était vraiment un mix de divers styles devient par ex la vitrine du jazz européen actuel... forcément c'est avec ça qu'on le + de subventions non ?

Merci Timo d'avoir ouvert ce débat... ça fait plaisir de voir qu'on n'est pas seuls...

Personnellement j'ai de + en + l'impression d'être dans un ?tau avec les soucis des structures telles assedic d'un côté et le boulot de + en + rare de l'autre. J'avoue envisager de retourner ? mon ancien boulot...

Mais gardons la foi...

En tout cas en la musique... :wink:
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benoit
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Message par benoit »

Je crois aussi qu'il y a, dans certaines couches de la population, une perte de la capacité ? écouter sans doute liée ? la surabondance d'image et de son qui nous entoure. Je suis souvent frappé, lors des fêtes de la musique auxquelles je participe, par tout ce public qui tourne un peu comme des ?mes en peine, ne sachant que faire, ne réussissant pas ? s'intéresser ? ce qui est proposé et ce, quel que soit le choix présenté. On le retrouve très rapidement au bar, ? consommer, car ça c'est rassurant. La musique a perdu son caractère exceptionnel, elle est partout (baladeurs, télépone et autre) et donc se banalise.
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Maryse
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Message par Maryse »

Bin... le débat est vaste et profond.

Le premier truc qui me vient en vous lisant, et en écoutant autour de moi (bon, c'est une reflexion "de fond" ça ne fais pas avancer concr?tement le truc....) c'est que, ? mon sens, il y a une confusion énorme entre ART et CULTURE. Pour schématiser violemment, la culture pour moi, c'est les mus?es, les bibliothèques etc... L'art c'est...autre chose, et voilà où le bat blaisse. C'est quoi? Monter un Moliére (qui est de la culture pour moi) ou faire un hommage ? Louis Armstrong en jouant "dans le style de", c'est quoi du coup? Quand est-ce qu'on est dans de la création, quand est ce qu'on est dans de ...la conservation (le mot est inpropri?, mais c'est le premier qui me vient)

Je ne peux h?las pas d?velopper plus cette pensée, j'en suis l?. Je sens confus?ment qu'il y a un truc qui m'interpelle, mais je ne sais quoi.

Je bosse avec d'autres formes d'expression que uniquement des musiciens (danseurs, com?diens) qui refusent d'aller dans le sens d'etre récupérés par cette instrumentalisation de l'art pour servir une puissance politique (...faut pas se leurrer, on en est toujours l?) et ils sont confront?s, de manière très "sur le terrain", au meme problème, peut etre encore plus que nous, musiciens autonomistes de bases (le fonctionnement des compagnies avec administrateurs entraine forcément des dossier ? la DRAC, et des dossiers au CG, et des rdv avec tel responsable cucu de telle ville...).

Je veux dire...bon, c'est pas super encourageant :? mais on est pas les seuls.

En bref, là de suite, y'a une partie de moi qui rçagit de la sorte "Bon. T'as quoi ? dire, toi, derrière ta contrebasse? Tu fais passer quoi? Tu mets quoi en mouvement dans toi, qui va mettre en mouvement en face?" (je dis une partie du problème, car bon, faut crouter aussi). Mais disons que, ya un truc, c'est que nouzot', zicos, on peut se mettre dans la rue assez facilement. Et jouer. Je ne dis pas que c'est LA solution, je n'ai jamais fait le rue, je suis intermittente, et tous les jours j'ai ? manger dans mon assiette. Mais justement, ? l'intérieur de ce confort l?, elle est o?, ma prise de risque ? moi?

En tout cas, merci gigi pour ce bougeage des gens. J'avais discut? avec une nenette, attach?e culturelle dans une petite commune des bouches du rhone, qui chantait dans un groupe d'électro ska, et qui ? un moment nous demande comment on se sent, nous, pro, par rapport aux amateurs qui jouent dans des bars et tout (elle était toute gen?e). Bin on a tous dit "Super. Merci. Faites le. En plus, c'est surtout vous qui venez aux concerts, les amateurs éclairés, et vous avez une fraicheur parce qu'un libert? qui nous botte les fesses".

Mais ...pffff...c'est tellement complexe le reste. Tout est fait pour que tout un chacun reste cloisonn? dans sa maison, tout est fait pour l'ultra conformisme, tout est fait pour l'av?nement du show man (d'ailleurs, je vais essayer de retrouver un texte super là dessus), tout est fait pour rever ses reves et basta, surtout pas les vivre, fais gaffe si tu sors du troupeau ya le loup qui va te croquer...

Le truc est putain de vaste....

Vidéos pédagogiques sur la contrebasse https://www.youtube.com/playlist?list=P ... LB5VS6rSqn
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Message par Maryse »

voilà le texte:

Le conformisme produit par la culture de masse est ? la fois collectif et individuel : il affecte des groupes sociaux entiers autant qu?il p?nêtre profond?ment dans les individus. A l'articulation de ces deux tendances, conformisme collectif et conformisme individuel, se place le produit le plus g?n°rateur de conformisme de la culture de masse, le phénomène sportif. Le philosophe tchèque Karel Kosik (1926-2003), remarque ceci : ? le showman devient le personnage central de notre époque. Son entrée en scène annonce a fin de la culture ?. Qu?est-elle, cette nouvelle figure ? Ecoutons Kosik : ? Un showman prend la rçalit? pour une scène et se donne en spectacle en se la jouant de telle ou telle manière ?. L??re du showman est celle où chacun peut endosser tous les réles, il suffit de savoir les jouer. Le conformisme est le produit de la culture de masse, celle où le ? showman ? remplace l'artiste, et toutes les autres professions et métiers. Le journaliste est remplacé par le showman (on fait de làinfotainment), mais aussi le philosophe (on fait de la philosophie-spectacle). Tout le monde ? c?est ce ? quoi servent les émissions de t?làrçalit? - est incit? ? devenir showman. Chacun, dans tous les aspects de la vie, tend ? imiter le showman. La showman-manie est contagieuse, autan que destructrice : làhabitude d?imiter le showman, dans ses v?tement, sa démarche, son langage ? chaque moment de làexistence s?incruste dans tous les secteurs de la société. Il y a plus : làhabitude de se mettre en scène partout, dans la rue et dans làentreprise, en imitant les showmen de la t?làvision fait tache d?huile. De figure du petit écran, le showman est devenu une rçalit? anthropologique. l'artiste n°est-ce pas celui qui mettra en ?chec cette propension ? imiter le showman, celui qui rendra cette sorte d?imitation impossible ? Nous voyons l'artiste comme la personne apte ? paralyser làimitation du showman ? l'artiste en guerre contre làimitation. Platon et Aristote rangeaient l'art dans la mim?tique. Exprimons par suite làenjeu de l'art: la mim?tique contre làimitation. l'artiste, n°est-ce pas celui qui nous empêchera de vivre et penser, de paraître ? soi et ? autrui, sur le modèle du showman ? l'artiste est le contraire du showman, l'art consiste à faire la guerre au show. Or, une incompatibilit? surgit entre conformisme, cette forme de conformisme usin?e par les industries développées ? cet escient, et d?mocratie. Dans la mesure où il peut ?branler le conformisme, l'art d?forme et forme ? la fois.


Extrait de Art et d?mocratie de Robert Redeker
Karel Kosik, La Crise des Temps modernes, Pais, Les Editions de la Passion, 1983, pages 229-230.

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Merci ? tous pour vos rçactions ! Je vais essayer de répondre plus en détail demain.
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Franck B
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Message par Franck B »

Maryse a écrit :Bin... le débat est vaste et profond.

Le premier truc qui me vient en vous lisant, et en écoutant autour de moi (bon, c'est une reflexion "de fond" ça ne fais pas avancer concr?tement le truc....) c'est que, ? mon sens, il y a une confusion énorme entre ART et CULTURE. Pour schématiser violemment, la culture pour moi, c'est les mus?es, les bibliothèques etc...
Mouai Maryse tu joues un peu sur les mots la .

Ma foi un film ,oeuvre artistique ,est projeté dans un cinema ,lieu culturel.

Je travaille dans un conservatoire de musiques et de danse ou on prodigue un enseignement artistiques mais bon c'est les affaires culturels de la mairie qui en a la responsabilit?.

Bref se ne sont que des mots et desol? on ne dit pas festival artistiques mais culturels comme on on ne dit pas prestation culturel mais artistiques...

En plus je me consid?re pas comme un artiste mais plutot comme un artisan.(c'est un mot très proche avec la même racine ? remarquer ) .Deja j'ai l'impression d'avoir plus les pieds sur terre et puis le delire "Moi mossieur je suis un artiste !!" pas pour moi merci .

Comme un artisan patissier ,excuser l'image , qui fait une belle pièce monté quand je fais un concert dans un mariage par exemple et que ça c'est bien passé je pense ressentir le même sentiment de "bon boulot" .

Et pour ce qui est du Showman mouais mais un Violoniste classique executant une piece de Paginini avec un lyrisme pas possible en serais un alors ?
Jouer l'artiste en revolte c'est un peu depass? à mon avis.

Par contre je sais qu'un musicien qui veut se produire en public c'est un exhibitionniste ,sans faire de spychologie ? 3 centimes ,c'est certain .
Sinon on jouerais entre nous entre copains ,dans la famille ...
Mais c'est pas genant à partir du moment que c'est g?r?,assum? et que surtout que l'on vend pas du vent...
La definition du demi-ton ?
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Eh ben, la question s'?largit ! :shock:

Mais c'est un débat intéressant, alors voici la d?finition de l'UNESCO de la culture :
La culture, dans son sens le plus large, est consid?rée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caract?risent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'?tre humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.
Si on est d'accord avec ça, l'art est tout simplement inclus dans la culture qui est une chose plus large.

Mais Maryse, la différence entre "création" et "conservation" dont tu parles est je pense liée ? la différence entre "artiste" et "artisan" qui est très floue mais nçanmoins réelle. Mais c'est plus compliqué qu'une simple équivalence, et d'ailleurs les philosophes s'affrontent ? grands coups de plume ? ce sujet.

déjà, je pense que s'il y a bien des artistes chez les musiciens, il y a aussi des artisans, et en plus il y a des gens (la majorité ?) qui rel?vent des deux confessions. ;)

Franck, je suis désolé mais je ne peux pas être d'accord avec toi quand tu amalgames les artistes avec le d?lire "Moi m?ssieur je suis un artiste !!". On ne peut que respecter ta position d'artisan, mais tous les artistes ne sont pas prétentieux. C'est effectivement une idée reçue assez populaire, mais c'est tout simplement faux. Je connais plein d'artistes qui travaillent en toute humilit?. Enfin bon, c'est vrai qu'il y a des insupportables aussi, et ils brassent souvent beaucoup d'air, mais bon.

Ensuite, je ne pense pas non plus qu'on puisse dire simplement que l'art c'est la création, et le reste de la "conservation". Pour reprendre l'exemple de l'hommage ? Louis Armstrong, je pense que suivant le cas de figure, on peut tomber très facilement d'un côté ou de l'autre. On peut effectivement tomber sur des mecs coincés qui font tous les efforts du monde pour "jouer dans le style" et sont obs?dès par l'opinion du Hot Club de France. Mais on peut aussi avoir les larmes aux yeux en entendant un trompettiste jouer "St. James Infirmirary" et l?, pour moi c'est de l'art. même en 2008.

De même, pour les créations, il y a des trucs sublimes et d'autres vraiment ratés (mais avec un super dossier de demande de subventions). Alors, on peut effectivement dire que cette prise de risque est en elle-même une démarche artistique, mais je ne suis pas sûr d'être d'accord avec ça. Je pense que l'art c'est une chose insaisissable qui peut pointer le bout de son nez n'importe où et n'importe quand, et qu'on peut appeler "artistes" les gens qui passent du temps ? rechercher cette chose.

Alors, "artiste", "artisan"... ça dépend des jours, de l'humeur du moment, souvent de celui qui écoute, de la météo, des gens avec qui on joue... réflexion faite, on mange tous aux deux rételiers, non ? :sol:
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