Jazz is not dead

Tout sur la contrebasse dans l'univers du Jazz
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Maryse
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Jazz is not dead

Message par Maryse »

Tiré du webzine "DNJ"


Les dernières statistiques sur la fréquentation des festivals d’été nous donnent l‘occasion de réfléchir à la place du jazz dans le spectacle vivant. Que l’on en juge sur chiffres : premier festival de jazz en France, « Jazz à Vienne », ne draine pas moins de 90.000 personnes, devant « Jazz in Marciac » avec 50.000 entrées et « Jazz à la Villette » qui accueille 25.000 spectateurs. Ces chiffres sont un signe encourageant sur le besoin de culture dans nos sociétés en période de crise économique, qui serait censée, nous dit-on, générer une sorte de repli sur les achats de première nécessité. Qui plus est, et c’est là une autre raison de se féliciter, ces chiffres sont tous en hausse. Marciac par exemple enregistre +25% de fréquentation par rapport à l’an passé confirmant une tendance générale. Certes il faut bien sûr relativiser la place du jazz puisque les Solidays réunissent à eux seuls 152.000 spectateurs, soit pratiquement autant qu’Avignon, et que les Vieilles Charrues (qui s’imposent comme l’événement musical de l’été) ont enregistré quasiment 230.000 entrées ! Mais le fait est là, tous suivent ce même mouvement de progression montrant un élément enthousiasmant pour tous les programmateurs passionnés. « Les loisirs et la culture comme dérivatifs à la crise » voilà qui est assurément une bonne nouvelle

Voilà qui est aussi de bon augure pour l’ouverture le 16 octobre prochain de « We want Miles », l’exposition à la Cité de la musique organisée par notre confrère Vincent Bessières qui a dirigé à cette occasion la rédaction d’un catalogue d’exposition, paraît-il, remarquable. Le jazz entrerait-il définitivement au musée ? Après l‘exposition que le musée du Quai Branly consacrait au printemps dernier au « Siècle du jazz », ce nouvel événement est à la fois un très bon signe et un signe inquiétant. Car il est indéniable que ce jazz tellement ignoré ou méprisé par certains entre désormais dans une phase de reconnaissance institutionnelle acquérant ses lettres de noblesse et ses décorations (Ornette décoré, Méderic Collignon décoré itou) et investit finalement ce haut lieu symbolique de culture et d’histoire qu’est le musée, nouveau temple moderne du savoir. Ceux qui crient à tout bout de champ « Jazz is not dead ! » y verront une sorte de panthéonisation, les autres y verront un vecteur de reconnaissance ou plutôt de connaissance tout court de la musique que nous aimons. Et qu’importe si c’est aujourd’hui Miles que l’on nous ressort à toutes les sauces comme une sorte de tarte à la crème du jazz qui est aujourd’hui sacré et investi de la charge d’incarner cette musique. Car finalement Miles fédère et brasse assez largement pour attirer une audience aussi hétérogène que variée. Tout se passe comme si Miles Davis devenait au jazz ce que Picasso est à l‘art dit « moderne », un révélateur de courants artistiques assez nombreux pour que chacun puisse s’y reconnaître un peu.

À ceux qui hier criaient sur tous les toits que le « Jazz is dead » avec la fusion de « Jazz Magazine » et de « Jazzman », l’apparition le 20 octobre d’un nouveau mensuel « So Jazz » issu des rangs de Vibrations, apporte là encore une nouvelle démonstration que fondamentalement, « Jazz is not dead, it just smells funny », comme le disait Zappa. C’est juste que le jazz, qui a maintenant plus de 100 ans, continue de s’inventer aujourd’hui encore ainsi qu’en témoignent les festivals dont certains sont de formidables laboratoires de la musique de demain. Alors que nous venons de fêter le jubilé de Daniel Humair, inépuisable recréateur de ce jazz en perpétuelle effervescence (Baby Boom à Marciac, quel concert !), l’interview du pianiste Vijay Iyer, réalisée ce mois-ci par Lionel Eskenazi et que vous pourrez lire dans nos colonnes, nous montre que cette musique ne finit pas de se réinventer, tous les jours, sous des formes nouvelles et excitantes en diable. De quoi nous précipiter pour l‘entendre lors de son prochain passage en France… Du musée aux clubs de jazz, il n’y a qu’un pas. Et c’est là, le superbe paradoxe de cette musique.

Vidéos pédagogiques sur la contrebasse https://www.youtube.com/playlist?list=P ... LB5VS6rSqn
Tests micro un peu en vrac... https://soundcloud.com/user706709239
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