Comme beaucoup d’entre vous ici je cherche à obtenir un son amplifié de mon instrument aussi fidèle que possible en situation de répétition ou de sonorisation autonome dans un petit lieu.
Pour avoir expérimenté le mixage de captures audio sur un logiciel de DAW j’en suis arrivé à la conclusion qu’un égaliseur suffisamment précis était probablement indispensable dans notre chaine du son pour obtenir le résultat souhaité. Aucune chance d’y arriver en tout cas avec les 3 potentiomètres de nos pré-amplis ou amplis « combo », ni même avec leurs égaliseurs paramétriques pour les plus perfectionnés d’entre eux, et encore moins avec les pédales d’égalisation à 4 ou 5 bandes.
J’ai par ailleurs été conforté dans cette idée en étant témoin des pratiques de Renault Garcia Fons dans un tel contexte. Il entre ses capteurs/micros sur un préampli basique connecté à une tablette DAW qui lui donne la maitrise totale de son son (compression, filtrage, égalisation, mixage etc.). Puis le son est redirigé vers 2 petites enceintes sur alimentation. Solution relativement simple, extrêmement efficace, peu encombrante et légère !! probablement pas beaucoup plus chère que nos pré-amplis ou combo pour instrument électro-acoustique, si on fait abstraction de la tablette ou du PC portable qui doivent être capables de supporter silencieusement le traitement numérique du logiciel en temps réel, et compte tenu du fait qu’Ardour (logiciel équivalent à Protools …) est un « logiciel libre », possiblement gratuit donc (je dis possiblement car ça ne doit pas vous empêcher de soutenir financièrement ce très beau projet). Une solution moderne que j’adopterais sans hésiter aujourd’hui si je devais repartir de zéro.
Dans le cas présent j’utilise un micro statique (DPA 4099) et un capteur électret de contact (VectoK) mixés via un préampli (Schertler Yellow blender) branché sur le retour auxiliaire de l’ampli combo AER Basic Performer. J’utilise l’entrée auxiliaire du combo pour attaquer directement l’ampli de puissance sans passer par son préampli, étage devenu inutile et possiblement contreproductif du fait de l’emploi du préampli Schertler.
Pourquoi utiliser le préampli Schertler alors que tout le nécessaire est en principe présent sur l’AER me direz-vous ? Parce que sur ce combo l’alimentation fantôme de l’entrée symétrique pour micro statique est limité à 24 V au lieu de 48 V, ce qui à la rigueur peut encore convenir, mais surtout parce que l’alimentation 9V pour l’électret est câblé sur 3 fils au lieu de 2 comme le nécessitent la plupart des électrets où le point chaud est commun avec la tension d’alimentation. J’ai bien tenté d’y remédier en bricolant un circuit capable d’extraire le signal à l’entrée du préampli mais je n’y suis pas parvenu sans générer du souffle et ramasser tous les rayonnements parasites alentour. En matière d’électronique analogique il y a la théorie et la pratique qui peut être une chose bien différente …
Bref, avec les bons réglages sur le préampli/Blender Schertler j’obtenais jusque-là un résultat plutôt satisfaisant, ni trop boomy, ni trop « électro-piezzo », mais à ce compte-là j’atténuai un peu trop le bas du spectre à mon goût. C’était une affaire de compromis …
L’idée était donc d’insérer un égaliseur graphique à 31 bandes (un système suffisament précis mais moins couteux qu’un égaliseur paramétrique équivalent et qui au surcroit offre beaucoup plus de possibilités de réglage) entre le préampli réglé tout à plat et l’ampli de puissance du combo.
Résultat j’arrive à faire aussi bien qu’avant mais cette fois en préservant le bas du spectre. Dans ce contexte, il me suffit au premier ordre de creuser autour de 500 Hz pour éliminer la présence des fréquences envahissantes. On peut également monter légèrement les fréquences autour de 2kHz pour donner un peu plus de clarté et même s’amuser à donner un peu plus d’ampleur autour de 80 Hz.
Cet égaliseur ne génère pas de bruit notable. Il possède 2 types d’entrée/sortie. Soit symétrique en XLR, soit asymétrique en Jack. Pour info, j’obtiens le meilleur résultat (moins « électro ») avec la sortie asymétrique (Jack) du Schertler (cette différence provient du Schertler lui-même ou du type de connexion car j’ai déjà fait ce constat en utilisant le Schertler sur d’autres appareils).
Avec un peu d’expérience je pense que cet élément peut également permettre de mieux maitriser l’acoustique d’une salle, y compris en matière de larsens. Dans une telle configuration, à moins de 150 €, ça vaut le coup de l’essayer. En ce qui me concerne, je l’ai adopté.
