La pulsion intérieure, c'est peut-être aussi l'intention, surtout dans un chorus, mais aussi pour l'accompagnement.
Si on est sur un thème, sur une grille d'accords, je pense qu'il faut dans un premier temps travailler les harmonies, les enchaînements d'accords, les articulations etc.
Il faut ensuite se mettre au service du morceau, au service des autres musiciens, mais aussi s'affirmer au sens participer. C'est pour moi le sens de la musique vivante. Il doit se passer quelque chose. A chaque fois si possible.
Se mettre en situation, c'est chercher une intention, ou se laisser bercer. On doit reconstruire des rythmes, des mélodies.
Il faut essayer d'arriver à sortir des séquences de 4, voire 8 au mieux, mesures qui se terminent par une blanche ou une ronde, avant d'enchaîner vers la prochaine série de 4 ou 8 (j'ai écrit "il faut essayer", il y a déjà de l'intention, technique, mais de l'intention) de manière trop mécanique. Ce n'est ni du slalom, ni du super G. On a le droit de louper des portes, surtout intentionnellement (je sais, j'en loupe assez comme ça sans le vouloir, mais faut bien rêver).
Certes, on se met en difficulté, ou on peut même mettre les autres en difficulté. Mais c'est également intéressant, on parle alors musique, projet, couleurs sonores, échanges.
J'aime bien voir le batteur saigner du nez... Mais avec Rémi (l'actuel), c'est moi qui m'équipe en kleenex boîte familiale.
Donc, stop aux mitraillettes et champions du monde de l'harmonie sans âme et stop aux clichés mièvres et rabâchés. Plus facile à dire qu'à faire.
Quand on écoute le quintet (surtout le second d'ailleurs) de Miles avec Coltrane, c'est assez frappant de voir les deux approches, que j'adore d'ailleurs toutes les deux. Coltrane, c'est machine gun, mais avec une âme. Miles, c'est plus aéré, construit différemment.
Ecouter de manière comparée NHOP et Charlie Haden, c'est pas mal aussi.
Et enfin, les méthodes doivent servir pour ce qu'elles sont, elles sont au service de la technique et de la musique vivante. Stop au bout d'un moment, on oublie le prof (les cahiers au feu et etc.), et place à la musique, avec prises de risques.
Sinon, j'en profite, une image m'a fait tout récemment avancer (vers où, je n'en sais rien, mais bon), c'est le travail de la main gauche de Eddy Gomez sur la vidéo de Nardis (devant Black et Mortimer en noir et blanc).
Le "simple" travail sur la main droite, la concentration, l'accent mis sur les attaques m'a fait un peu oublié la main gauche. Ca m'a ouvert de nouvelles portes, ça pose certaines choses, le son. Et pendant ce temps, la grille défile, et on essaye de jouer dessus, de s'en jouer. Bizarre, non ?
Bon. Je retourne me coucher.