AMÉLIORER SA PULSATION
C'est un travail personnel qu'il convient d'entreprendre, un travail presque physique.
une machine, un soft informatique, peut aider le jeu régulier, mais le tempo des musiciens qui jouent avec vous n'est pas celui d'une machine. une pulsation c'est un partage, et selon les personnes, le type d'instrument, la pulsation est très différente.
Pour le travailler il n y a pas beaucoup de solutions.
deux ou trois choses donnent un tempo régulier dans notre organisme.
le cœur...mais c'est pas facile à entendre en jouant
la marche aussi (pas fiable si on a pas une voute plantaire mal foutue, ou un soucis d'ordre moteur)
et enfin, et surtout la respiration.
C'est sur la respiration qu'il faut se baser me semble t il.
[youtube]-5nzeG052_c[/youtube]
La musique indienne avec ses onomatopées (konakol) est vraiment ce que je connais de mieux pour acquérir des allures stables.
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Je pense qu'utiliser des phonèmes aide considérablement, c'est une perspective, un objectif, une libération, un bien être aussi, car respirer un rythme c'est lui donner une vie très probante pour l'auditeur. Mais c'est aussi accorder (ou harmoniser) sa gestuelle, sa respiration et son rythme cardiaque sur le rythme donc, chanter un rythme en le jouant est une des clef du jeu du rythmicien.
Pour maintenir un tempo l'entrainement de façon régulière compte beaucoup, car l’acuité rythmique se perds petit à petit si on ne l'entretient pas.
C'est comme une plante qu'il faut abreuver, si vous ne faites pas régulièrement des exos dont l’objectif est la stabilisation de l’allure,vous perdez petit à petit le sens très fort du tempo. Et c'est plutôt pour l'entretien et la vérification que je conseille alors le soutient d'un métronome.
Il est important de prendre en compte que l'on demande au batteur, comme au bassiste, au violoncelliste, d'avoir un tempo stable, mais aussi outrancier,et généreux,un peu surjoué, sur lequel d'autres instrumentistes peuvent s’appuyer.
Cette remarque n'est pas un détail.
Les soufflants ont un tempo, mais il sont invités dans leur mélopées à jouer avec un peu d'élasticité métronomique pour créer du pathos. A l'inverse de l'accompagnateur qui ne dois pas bouger le tempo, sauf lors d'un accompagnement rubato induit par le rythme de l'harmonie, ou le souffle du chanteur ( ou de n'importe quel soliste que l'on se doit de suivre).
Et puis il y a la considération idéologique du tempo, comment on l'apprend, comment on l'écoute et donc comment on le retransmet.
Avant le début du 19ème siècle, le tempo était signifié par un pendule-métronome, un objet identique (ou presque) à un fil à plomb.
qu'elle vision cela pouvait donc induire d'après vous ?
Et bien sûr il y avait déjà des musiques "aux tempi strictes et droits", celles qui prêtaient à danser.
Dans de nombreux pays c'est le pas de la danse qui invite les rythmiciens au tempo.
donc on voit le tempo, avant de s'en emparer.
Pour faire simple, la notion de binaire ternaire n'existe pas, elle n'existe que dans la musique occidentale, qui est le reflet de l'esprit mathématique des grecs anciens. C'est à dire un son posé sur du papier dans un repère orthonormé (temps / fréquence d'un son )
Mais dans les régions de France où la tradition orale de la musique existe, comme dans les pays où la musique ne s'écrit pas, souvent nous (occidentaux, lecteur de partition j'veux dire ) nous avons du mal à garder le tempo parce qu' il est donné par un repère unique, joué par un musicien "gardien de l'allure" qu'il faut absolument connaitre et repérer. Par exemple, le sangban pour les mandingues, la clave dans les caraïbes, le mbëng-mbëng pour le sénégal)
[youtube]-Nws52cnbBM[/youtube]
j'aime particulièrement cette vidéo de musique sénégalaise au sabar parce que l'on voit la danse, parfois des auditeurs chantent, mais surtout le tempo est proposé par des claquement de mains. un régal les spectateurs battent-ils des mains sur le temps 1 ? 2 ? 3? 4 ? etc ...comment le savoir?
un vrai bonheur, pour les occidentaux que nous sommes sans avoir été initié à trouver le "phare métronome".
Ecoutez bien le détail des rythmes, on est pas complètement complètement largués...mais à noter sur une partoche c'est juste un peu chaud.
Malheureusement le sabar est sans avenir par chez nous, parce que même le premier rythme que l'on apprend
(le Saf sap) est juste super compliqué.
Souffrez contrebassiste que vous êtes !
ET sachez que le sabar se compose de 7 à 9 instruments à percussions tous accordés entre eux , tous ont une une tessiture voisinant + ou - une quarte juste. Une main jouant des rythmes avec la baguette (en forme de tige la baguette, pas la main ) tandis que l'autre (la main gauche) appuies sur la peau pour ajuster les notes, et aussi taper quelques réponses.
Le sabar est une famille de "tambour chantant" (comme le Tama), pour être un joueur de sabar confirmé il faut donc être rythmicien et avoir une oreille qui entends bien les fréquences aussi, tout comme un Contrebassiste .
mais en mieux
Dans toutes les musiques ( même de traditions savantes, et occidentales) il est plus simple de repérer et de suivre "le chef du tempo" que de compter des temps mathématiques réguliers (cqfd répondant aux critères de la musique passée par la phase "arithmétique".)
j'espère que je ne suis pas trop indigeste, et barré.
Pour commencer voici quelques pistes de travail:
utiliser des pulsations un peu rapides, mais pas trop, aux alentours 92 à 104 à la noire.
des pulsations par 4 dont vous jouez la première uniquement .
Vous jouez la première des 4 pulsations, donc des noires, mais ânonnez des onomatopées en pensant 4 doubles (comprendre 4 puls)
la même chose avec 3 puls (respirations) dont vous jouez la 1ere des trois; tempo entre 72 a 82
Comme l'a déjà fait Maryse, pour ceux qui aiment lire je vous conseille vivement une méthode qui a une quinzaine d'années maintenant, et qui est très à la mode, ou en passe de le devenir.
c'est la méthode O passo de lucas Ciavatta.
elle comporte pleins d'exos super efficaces pour "tenir la baraque". Cette méthode est redoutablement efficace, si on considère le temps passé à s’entrainer par rapport au résultat obtenu.
http://www.opasso.com.br/
voilà : au boulot !
je pourrais encore écrire des pages et des pages sur ce sujet qui est au cœur de ma quête d'artiste et de pédagogue ...mais bon..pas tout dans le même post.
juste une dernière piste de réflexion, pour vous inviter à vous interroger sur le placement et la proposition d'un tempo stable selon que l'on joue acoustique ou électrifié, avec 5 musiciens ou 120, sans parler de la volumétrie de la pièce
Pour consoler ceux qui galèrent et perdent patience:
N''oubliez pas qu'un apprenti jazz man appartenant à la communauté noire, né dans une grande ville et qui a 20 ans en 1940 aux USA, baignait dans un environnement où il n'entendait presque uniquement que
des musiques jazz.
Le jazz peut être aussi appréhendé comme une musique folklorique.
Pensez aussi à un fils de griot qui n'entend et ne joue que la musique de son village, de son ethnie, de sa caste
( surtout)
comme lui, si vous n’entendiez qu' un seul style de musique depuis toute votre enfance, le même depuis toujours, il vous semblerai "naturel" à interpréter, et vous trouveriez de suite le bon feeling. Tenir son tempo serait certainement sans souci.
tout ça pour dire qu'avoir un tempo stable dans pleins de styles musicaux différents, ça c'est un peu long à maitriser.
Pas de panique donc.
Et oui, la restitution d'un tempo stable est un sujet aux multiples facettes, et aux solutions plurielles.