Contreporte
Publié : 21 juil. 2022, 22:21
Salut !
Ça fait un moment que trottait dans ma tête l'idée de faire de la contrebasse. J'ai beau être né dans une famille de musiciens, on ne commence pas à jouer d'un tel instrument en claquant des doigts. Et un jour aux encombrants dans ma rue je suis tombé sur une porte. Je suis assez bricoleur et je l'ai récupéré. Confinements aidant, je me suis lancé dans la fabrication d'une « contreporte » : c'est donc comme une contrebasse sauf que c'est fait à partir… d'une porte.
Je me suis renseigné sur les contrebassines et autres cardboard bass, j'ai aussi trouvé quelques vieux bouquins de lutheries qui m'ont confortés. J'ai finalement imprimé à l'échelle 1 la photo de l'article wikipédia « contrebasse » : j'étais lancé.
J'ai défini quelques limitations techniques à commencer par les cordes : je suis parti sur du fil de coupe-bordure, la tension nécessaire est donc très réduite par rapport à une contrebasse, cela simplifie nettement la conception. Je me suis ensuite inspiré du travail de David Havlena (http://dennishavlena.com/db.gif) qui a couplé un manche de basse électrique avec une bassine : une poutre (un montant de porte dans mon cas) traverse la totalité de l'instrument. Bien sûr ça n'est pas ce qu'il y a de plus efficace pour la résonance mais notez que ce montant n'est pas plaqué à la table : il « flotte » 2 centimètres en dessous.
Pour la caisse, j'ai d'abord pensé plier les panneaux mais l'épaisseur ne le permettait pas. J'ai donc décidé de « mesher » les côtés. Tout est donc découpé puis collé/agrafé à l'aide de vieilles baguettes de cadres. On trouve un bloc issu d'une lambourde et dans lequel est installée la pique. À l'intérieur on trouve une barre d'harmonie (un montant de porte) ainsi qu'une âme faite à partir d'un manche de pioche cassée. Elle est vissée sur la table d'harmonie : pas ouf mais j'avais trop peur qu'elle se fasse la malle.
La caisse : La table et l'âme bien accrochée (gloups) le « bloc-pique »
La touche est faîte à partir de reste de parquet en chêne, donc dur, le cordier aussi. Petit détail, les cordes sont accrochées avec un petit bout de feuille d'aluminium tirée d'une tour de PC, ça fonctionne au poil. Pour l'accord j'ai d'abord récupéré des chevilles en plastique sur une épave de violoncelle, deux ont cassé et j'ai été contraint d'en faire sans tour à bois, une belle galère. Un premier essai en la coinçant dans une perceuse, bof mais fonctionnel. Un deuxième essai à l'aide d'un touret, à peine mieux mais fonctionnel. Le chevalet est un reste de planche en pin découpé à l'aide de gabarit.
Le cordier : Le chevalet : Pas de volute, j'attends de trouver une sculpture en bois à installer : Petit détail : j'ai adapté un vieux pneu de vélo sur la pique pour éviter de perforer mon parquet, ça fonctionne très bien.
Ça n'était pas nécessairement le but du jeu, tout a été fait à la main avec les outils de mon grand-père qui était tonnelier et avec un budget de 0€.
Et alors ? Eh bien à ma surprise la contreporte s'accorde et tient l'accord ! Le son ? Génial bien sûr ! Bon en réalité le son est très honnête pour un tel bricolage. Le hic est plutôt dans le volume sonore et la tenue du son : les portes sont faites en isolel, un « carton » fait pour absorber les sons…
Je me suis ensuite trouvé une méthode de contrebasse jazz avec pour objectif d'être capable de faire tourner une walking bass sur une grille pas trop compliquée. J'y suis presque au bout de quelques mois de contreporte.
Pour la petite histoire je suis passé chez un luthier spécialisé dans les contrebasses pour en essayer une vraie. Je lui ai montré quelques photos, ça l'a beaucoup amusé, on a parlé lutherie, il m'a donné quelques conseils et permis de tester ses instruments. J'ai été frappé par le poids (dû à la mécanique et la volute -- je n'en ai pas encore) et bien sûr par la tenue du son (wahou !) Je dois dire que la résonance et le toucher sont tellement différent que j'ai d'abord cru que l'instrument n'était pas accordé. Et j'avais mal aux doigts au bout 30 secondes. Et oui bien sûr je compte casser ma tirelire pour adopter une contrebasse. Affaire à suivre…
Voilà, j'espère que ma contreporte vous a au moins fait sourire ! Je me suis dit que l'expérience valait le coup d'être partagée et que ce forum était le bon endroit.
Étienne
Ça fait un moment que trottait dans ma tête l'idée de faire de la contrebasse. J'ai beau être né dans une famille de musiciens, on ne commence pas à jouer d'un tel instrument en claquant des doigts. Et un jour aux encombrants dans ma rue je suis tombé sur une porte. Je suis assez bricoleur et je l'ai récupéré. Confinements aidant, je me suis lancé dans la fabrication d'une « contreporte » : c'est donc comme une contrebasse sauf que c'est fait à partir… d'une porte.
Je me suis renseigné sur les contrebassines et autres cardboard bass, j'ai aussi trouvé quelques vieux bouquins de lutheries qui m'ont confortés. J'ai finalement imprimé à l'échelle 1 la photo de l'article wikipédia « contrebasse » : j'étais lancé.
J'ai défini quelques limitations techniques à commencer par les cordes : je suis parti sur du fil de coupe-bordure, la tension nécessaire est donc très réduite par rapport à une contrebasse, cela simplifie nettement la conception. Je me suis ensuite inspiré du travail de David Havlena (http://dennishavlena.com/db.gif) qui a couplé un manche de basse électrique avec une bassine : une poutre (un montant de porte dans mon cas) traverse la totalité de l'instrument. Bien sûr ça n'est pas ce qu'il y a de plus efficace pour la résonance mais notez que ce montant n'est pas plaqué à la table : il « flotte » 2 centimètres en dessous.
Pour la caisse, j'ai d'abord pensé plier les panneaux mais l'épaisseur ne le permettait pas. J'ai donc décidé de « mesher » les côtés. Tout est donc découpé puis collé/agrafé à l'aide de vieilles baguettes de cadres. On trouve un bloc issu d'une lambourde et dans lequel est installée la pique. À l'intérieur on trouve une barre d'harmonie (un montant de porte) ainsi qu'une âme faite à partir d'un manche de pioche cassée. Elle est vissée sur la table d'harmonie : pas ouf mais j'avais trop peur qu'elle se fasse la malle.
La caisse : La table et l'âme bien accrochée (gloups) le « bloc-pique »
La touche est faîte à partir de reste de parquet en chêne, donc dur, le cordier aussi. Petit détail, les cordes sont accrochées avec un petit bout de feuille d'aluminium tirée d'une tour de PC, ça fonctionne au poil. Pour l'accord j'ai d'abord récupéré des chevilles en plastique sur une épave de violoncelle, deux ont cassé et j'ai été contraint d'en faire sans tour à bois, une belle galère. Un premier essai en la coinçant dans une perceuse, bof mais fonctionnel. Un deuxième essai à l'aide d'un touret, à peine mieux mais fonctionnel. Le chevalet est un reste de planche en pin découpé à l'aide de gabarit.
Le cordier : Le chevalet : Pas de volute, j'attends de trouver une sculpture en bois à installer : Petit détail : j'ai adapté un vieux pneu de vélo sur la pique pour éviter de perforer mon parquet, ça fonctionne très bien.
Ça n'était pas nécessairement le but du jeu, tout a été fait à la main avec les outils de mon grand-père qui était tonnelier et avec un budget de 0€.
Et alors ? Eh bien à ma surprise la contreporte s'accorde et tient l'accord ! Le son ? Génial bien sûr ! Bon en réalité le son est très honnête pour un tel bricolage. Le hic est plutôt dans le volume sonore et la tenue du son : les portes sont faites en isolel, un « carton » fait pour absorber les sons…
Je me suis ensuite trouvé une méthode de contrebasse jazz avec pour objectif d'être capable de faire tourner une walking bass sur une grille pas trop compliquée. J'y suis presque au bout de quelques mois de contreporte.
Pour la petite histoire je suis passé chez un luthier spécialisé dans les contrebasses pour en essayer une vraie. Je lui ai montré quelques photos, ça l'a beaucoup amusé, on a parlé lutherie, il m'a donné quelques conseils et permis de tester ses instruments. J'ai été frappé par le poids (dû à la mécanique et la volute -- je n'en ai pas encore) et bien sûr par la tenue du son (wahou !) Je dois dire que la résonance et le toucher sont tellement différent que j'ai d'abord cru que l'instrument n'était pas accordé. Et j'avais mal aux doigts au bout 30 secondes. Et oui bien sûr je compte casser ma tirelire pour adopter une contrebasse. Affaire à suivre…
Voilà, j'espère que ma contreporte vous a au moins fait sourire ! Je me suis dit que l'expérience valait le coup d'être partagée et que ce forum était le bon endroit.
Étienne
! superbe 