Aaaalors...bon, Laurent. Je te fais un petit topo de comment je fais bosser à un débutant.
Le premier truc, c'est de prendre l'instrument contre soi, de se familiariser avec ce rapport, et de commencer à trouver son axe vertical, et le rapport avec l'instrument.
Donc, on se tient droit, sans crispation, les genoux ni trop pliés, ni trop rentrés en dedans, et on fait un petit check de TOUT son corps en commençant par le bas. Comment j'appuie mes pieds? Je suis plutôt vers les orteils, vers les talons, sur la tranche externe, interne? Et corriger en trouvant un appui qui soit au milieu, un appui central qui puisse nous permettre, si on a besoin, de bouger vers tel tel ou tel axe du pied. Puis remonter...c'est toujours les articulation (on verra plus bas) qui provoquent les déséquilibre... donc check genoux, bassin, toute la colonne, l'ensemble "épaules", nuque, mâchoires (hyper important les mâchoires! ça peut amener des tensions méconnues)
Attention, ce que je dis là, c'est pas d'être figé, loin de là!! C'est de trouver dans son corps son point d'appui, d'équilibre, de référence, auquel duquel on va pouvoir bouger. Donc, on est bien dans une histoire d'axe.
Je fais beaucoup (mais alors beaucoup) bouger mes élèves aux premiers cours... en général, quand on commence, on est tout figé, tout crispé, on a peur de faire une connerie alors on se bloque. Le truc du départ, c'est d'élargir consciemment le champ d'action, le champ des possibles, et de bouger, de rotationner autour de l'instrument, sans violences ni à coups, histoire de repousser les limites physiques qu'on s'auto impose en se figeant par peur.
...Pousser la contrebasse vers le devant avec des coups de bassin, la retenir avec la main gauche, partir doucement en fente arrière, la retenir avec le bassin, incliner latéralement (droite, gauche) en conservant des bons appuis des pieds, bref...au lieu de commencer en me restreignant d'emblé (et ainsi essayer d'évoluer et d'avoir un gros son à l'interieur d'un physique restreint), je fais en sorte de repousser les limites, et me rendre compte que "Bin wé, je peux faire ça et ça, aller là et là, me mettre comme ça ou comme çi, même si je ne le fais jamais concrètement, je sais que les limites vont jusque là". On commence donc par élargir au lieu de restreindre, on se permet, et ça apaise, on a du coup un champ d'actions potentielles où on voit loin.
Puis, commencer par faire des cordes à vide, avec quand même la MG placée au niveau du pouce mais qui n'appuie pas. Là c'est pareil, envoyer la MD et jouer FORT!!! On commence là aussi par donner beaucoup de matière sonore, histoire de démystifier le "Rhalala, c'est dur la contre", on repousse d'emblée les limites, on joue gros et large. J'envoie direct le bois à la main droite, m'en fout de la position, au début je fais juste sortir des gros son. J'insiste juste sur un truc: J'essaye quand même de viser une corde définie, et je précise que, finalement, dans le mouvement de bras/main droite, l'action musculaire se fait quand le bras s'écarte de la touche, le retour est
PASSIF, c'est juste le poids qui donne le son. On ne force pas pour pizzer la corde et faire sonner, ça se fait naturellement avec le poids retour. Donc des grosses bourrades genre ours amical. Je lève le bras haut (hyper important: le mouvement part de derrière l'omoplate!!!! Faut toujours penser que quand tu joues, y'a un gus derrière toi qui te prend l'omoplate par son rebord interne, côté colonne vertébrale et ton bras se met en mouvement à partir de cette sensation là), et la main retombe passivement, juste le poids! La contrebasse peut encaisser de bonnes grosses mandales, faut pas avoir peur...
Travailler ça régulièrement en début de scéance. Ensuite, après qqs minutes, on affine le mouvement en commençant à placer le pouce sous la touche... Là faut essayer d'avoir cette position avec les doigts qui se parallelisent le + possible aux cordes. Et définir au départ si on veut jouer à 1 doigt (comme timo) ou en pizz alterné (ce que je pratique).
...Bon... C'est pas facile par écrit!!! ça prend du temps!!
L'autre truc c'est faire tout ça
TRES TRES LENTEMENT en mettant une attention particulière sur la conscience du corps et
le son!!! Le son sera toujours ton symptôme d'une bonne position ou d'un bon état d'esprit! Si ton son est restreint, crispé, c'est qu'il faut que tu dépistes où toi même tu te crispe. Le son est symptomatique! De plus, chez nous occidentaux, le corps est zappé, ou bien cultivé dans un but sportif ou d'apparence pure, mais pas dans sa conscience (Où suis-je? Que fais-je? Dans quelle position? Où sont mes tensions? Comment je fais pour m'auto-dénouer?)
Un petit mot pour la MG (et bras gauche).
...euh...bon, comme la MD, on a des articulations (épaule, coude, poignet, phalanges) qui forment autant d'angles. C'est comme un compas à multiples articulations. Et les articulations, si on les penses en tant que telles, en tant qu'angles et de brisures, ça fait chier, parce que, potentiellement, c'est à CES endroits précis que le son se barre. Aux angles, aux cassures de continuités. C'est juste logique, physiquement parlant...
Donc.. Il faut penser ROND, il faut penser cercle, donc continuité...aussi bien dans la sensation physique que dans le son. Le départ (pour moi et à ce jour précis de l'an deumilzérozérohuîtres), le point de départ se situe pour chaque bras à ce point, ou ligne, qui correspond au bord de l'omoplate qui jouxte le râchis-
penser à chercher ce mot dans le dico ), mais en fait, non... si on pense cercle, y'aura plus de point de départ. Mais pour faciliter le boulot, on segmentise, c'est plus serein, donc on essaye de choper un point...
Je parle MG mais cette histoire de cercle et de continuité dans les articulations vaut aussi bien pour le bras droit!
La MG (bras gauche et omoplate y compris), c'est pareil...t'as un gus derrière qui t'actionne l'omoplate, et déjà, tu essayes de faire pivoter ton pouce autour de ton manche pour pouvoir sentir/trouver où il sera le mieux (c'est à dire, d'un bord de la touche à l'autre). Si tu commences figé "Pas bouger sinon grand malheur!!!" Y'a pas bon. Non, permets toi de jouer avec de multiples positions, de repousser là aussi tes limites, de prendre des pauses ridicules sans forcer, pour que ton point d'équilibre, ton point central de référence, puisse se retrouver sereinement au milieu d'un vaste espace que tu auras défriché. Et pense (HYPER IMPORTANT) que le son/l'influx d'énergie n'est pas brisé par ces multiples articulations. ça part de ton dos, ça coule tranquillou par
le dessus de ton bras, ça arrive
sur le dessus de ta main et ça vient tranquillou appuyer sur les cordes PAR LE DESSUS et non pas par l'intérieur de la main!! Je me suis rendue compte que quand on pense trop intétrieur de la main, le pouce morfle.
Si j'ai le temps, l'envie, le courage, j'essaierai de faire une petite video.
...Petite pause miam miam, to be continued quand j'y repenserai !!!