Accordage en Ré ?
Publié : 08 oct. 2021, 16:06
Bonjour,
Je ne veux pas parler ici de l'usage que l'on fait des cordes dans leur version "accord solo" (F#-Si-Mi-La) en abaissant volontairement leur tension pour obtenir un accord "orchestre" au bénéfice de cordes plus souples.
Non, ce que je veux savoir ici c'est l'intérêt qu'il y a pour un contrebassiste de jouer avec des cordes accordée "solo" correspondant normalement à la tonalité de Ré, soit un ton au-dessus de l'accord "orchestre" correspondant à la tonalité de Do ?
Je rappelle pour ceux qui l'ignorent peut-être encore (je l'ignorais moi-même hier encore) qu'un instrument accordé en Do émet un Do quand le musicien veut reproduire un Do à la lecture d'une partition écrite dans la tonalité de référence pour l'orchestre (la tonalité de Do), alors qu'un instrument accordé en Ré émettra un Ré quand le musicien voudra reproduire un Do à la lecture de cette même partition de référence écrite dans la tonalité de Do (appelée aussi tonalité d'Ut ou "orchestre").
D'aucuns me diront que tout le monde sait ça, en particulier chez la plus parts des soufflants (cuivres, bois, etc.) et ceux qui les fréquentent de près ou ont à gérer leurs partitions pour différentes tonalités (en Ré, en Fa, en La, en Sol, en Sib, en Mib, ...)
Ces jeux de tonalités, dont nous autres contrebassistes avons normalement peu à nous préoccuper, ont toujours été mystérieux pour moi. Pourquoi un trompettiste ne pourrait-il pas jouer un Do quand il veut jouer un Do à la lecture de ma partition "en Ut" pour contrebasse, ni même à la lecture de la partition qui lui est destinée en raison de sa tonalité particulière !?
On dit de la plus part des instruments appartenants aux familles des cuivres et des bois qu'ils sont des instruments transpositeurs. C'est à dire qu'à partir de la lecture d'une partition écrite dans la tonalité de Do (la tonalité de référence pour l'ensemble de l'orchestre) ils émettent des notes transposées dans une autre tonalité. Si bien que pour pouvoir les intégrer dans l'orchestre on est obligé de leur fournir des partitions transposées d'autant en sens inverse à partir du Do, de sorte qu'un trompettiste par exemple produira effectivement un Do à la lecture d'un Ré dans sa partition écrite pour sa tonalité "en Sib".
Oui mais comment en est-on arrivé là ?
Les sons émis par les instruments à vent dépendent du volume de leur colonne d'air mis en vibration. Afin de maitriser le débit d'air consommé on va plutôt jouer sur la longueur de cette colonne d'air plutôt que sur sa section, ce qui conduit à des dimensions impressionnantes pour obtenir des tessitures relativement limités. Un contretubat contient une colonne d'air mesurant pas moins 5,5 m de long quand celle de la trompette mesure déjà 1,4 m. Pas question de pouvoir couvrir l'ensemble du spectre audible dans ces conditions à partir d'un instrument possédant une unique colonne d'air.
On a donc attribué des segments de ce spectre à des instruments de différentes tailles constitutifs d'une famille d'instruments (exemple pour le saxophone : baryton, ténor, alto, soprano, etc.). Mais en raison de la nécessité d'une distribution cohérente des différentes tessitures parmi les instruments d'une même famille, le doigté diffère d'un instrument à l'autre pour obtenir une même note. Un doigté donné pour un instrument en Si bémol donnera une note différente sur un instrument en Mi bémol, ce qui complique sérieusement la tache des instrumentistes qui voudraient pouvoir passer d'un instrument à l'autre au sein d'une même famille d'instrument.
Au lieu de ça on a affecté un nom de note "fictive" à chaque doigté de sorte que la note désignée soit toujours jouée de la même manière, quelle que soit la tessiture de l'instrument au sein d'une même famille et donc quelle que soit la note réellement produite. Autrement dit chez la plus part des instruments à vent la note lue correspond à un doigté et non à la hauteur de la note réellement produite.
En revanche les intervalles entre les notes produites sur chaque instrument étant rigoureusement calqués sur ceux de la tonalité de Do, il suffit de transposer convenablement la partition en fonction de la tonalité de l'instrument pour faire entendre les notes attendues par le reste de l'orchestre. Ainsi on fera lire un Ré à un instrumentiste en Sib pour qu'il produise un Do et un La à un instrumentiste en Mib pour qu'il produise également un Do.
Dans le cas des instruments à cordes on a principalement résolu le problème lié à l'emploi d'une unique corde surdimentionnée pour couvrir l'ensemble du spectre audible en multipliant les cordes de diamètres et de longueurs différentes que l'on dispose parallèlement à proximité les une des autres. Au contraire des soufflants qui ne disposent que d'une seule bouche, au surcroit fragile et difficilement mobilisable, les instrumentistes sur instrument à cordes disposent de plusieurs doigts extrêmement mobiles. La plus belle réussite du genre est certainement le piano, bien que relativement encombrant et lui même peu mobile. Question mobilité, la guitare est plutôt une belle réussite.
L'avantage des instruments à cordes c'est qu'a peu de chose près, nonobstant l'écartement des doigts, avec une même position de la mains on conserve le même intervalle entre les notes sur toute l'étendue des différentes tessitures. Il suffit au besoin de modifier la clé sur la porté pour facilité la lecture relativement à la tessiture (Clé de Fa, Clés d'Ut, clé de sol) pour obtenir un do correspondant à la lecture d'un do sur nos partitions, que vous soyez contrebassiste, alto ou violon.
D'où ma question. Pourquoi un jeu de corde en Ré pour la contrebasse ?
J'ai lu un post de Maryse qui semblait indiquer que ce jeu de corde était plutôt monnaie courante en Italie. Serait-ce alors qu'une simple pratique coutumière régionale à l'instar des diapasons allemand et Français.
Mais dans ce cas pourquoi avoir désigné cet accord sous l'appellation "solo" ?
Y-a-t-il un avantage pour les solistes à l'employer ?
Je pose la question après avoir découvert l'existence de partitions pour contrebasse d'une même oeuvre dans les deux versions différentes, l'une "orchestre tuning", l'autre "solo tuning".
Plus étrange encore l'accompagnement pour piano de ces partitions existe également en version solo et orchestre et ne sont manifestement pas dans la même tonalité.
Je ne comprends pas très bien l'intérêt de ces changements de tonalité en ce qui concerne la contrebasse ...
Si on applique à la contrebasse le principe appliqué aux vents, il faut transposer d'un ton plus bas la partition confiée au contrebassiste accordé en Ré pour qu'il soit raccord avec l'orchestre, ce qui n'est pas forcément intéressent pour le soliste. Dans le cas contraire cela oblige à faire jouer tout l'orchestre un ton plus haut ...
Je ne veux pas parler ici de l'usage que l'on fait des cordes dans leur version "accord solo" (F#-Si-Mi-La) en abaissant volontairement leur tension pour obtenir un accord "orchestre" au bénéfice de cordes plus souples.
Non, ce que je veux savoir ici c'est l'intérêt qu'il y a pour un contrebassiste de jouer avec des cordes accordée "solo" correspondant normalement à la tonalité de Ré, soit un ton au-dessus de l'accord "orchestre" correspondant à la tonalité de Do ?
Je rappelle pour ceux qui l'ignorent peut-être encore (je l'ignorais moi-même hier encore) qu'un instrument accordé en Do émet un Do quand le musicien veut reproduire un Do à la lecture d'une partition écrite dans la tonalité de référence pour l'orchestre (la tonalité de Do), alors qu'un instrument accordé en Ré émettra un Ré quand le musicien voudra reproduire un Do à la lecture de cette même partition de référence écrite dans la tonalité de Do (appelée aussi tonalité d'Ut ou "orchestre").
D'aucuns me diront que tout le monde sait ça, en particulier chez la plus parts des soufflants (cuivres, bois, etc.) et ceux qui les fréquentent de près ou ont à gérer leurs partitions pour différentes tonalités (en Ré, en Fa, en La, en Sol, en Sib, en Mib, ...)
Ces jeux de tonalités, dont nous autres contrebassistes avons normalement peu à nous préoccuper, ont toujours été mystérieux pour moi. Pourquoi un trompettiste ne pourrait-il pas jouer un Do quand il veut jouer un Do à la lecture de ma partition "en Ut" pour contrebasse, ni même à la lecture de la partition qui lui est destinée en raison de sa tonalité particulière !?
On dit de la plus part des instruments appartenants aux familles des cuivres et des bois qu'ils sont des instruments transpositeurs. C'est à dire qu'à partir de la lecture d'une partition écrite dans la tonalité de Do (la tonalité de référence pour l'ensemble de l'orchestre) ils émettent des notes transposées dans une autre tonalité. Si bien que pour pouvoir les intégrer dans l'orchestre on est obligé de leur fournir des partitions transposées d'autant en sens inverse à partir du Do, de sorte qu'un trompettiste par exemple produira effectivement un Do à la lecture d'un Ré dans sa partition écrite pour sa tonalité "en Sib".
Oui mais comment en est-on arrivé là ?
Les sons émis par les instruments à vent dépendent du volume de leur colonne d'air mis en vibration. Afin de maitriser le débit d'air consommé on va plutôt jouer sur la longueur de cette colonne d'air plutôt que sur sa section, ce qui conduit à des dimensions impressionnantes pour obtenir des tessitures relativement limités. Un contretubat contient une colonne d'air mesurant pas moins 5,5 m de long quand celle de la trompette mesure déjà 1,4 m. Pas question de pouvoir couvrir l'ensemble du spectre audible dans ces conditions à partir d'un instrument possédant une unique colonne d'air.
On a donc attribué des segments de ce spectre à des instruments de différentes tailles constitutifs d'une famille d'instruments (exemple pour le saxophone : baryton, ténor, alto, soprano, etc.). Mais en raison de la nécessité d'une distribution cohérente des différentes tessitures parmi les instruments d'une même famille, le doigté diffère d'un instrument à l'autre pour obtenir une même note. Un doigté donné pour un instrument en Si bémol donnera une note différente sur un instrument en Mi bémol, ce qui complique sérieusement la tache des instrumentistes qui voudraient pouvoir passer d'un instrument à l'autre au sein d'une même famille d'instrument.
Au lieu de ça on a affecté un nom de note "fictive" à chaque doigté de sorte que la note désignée soit toujours jouée de la même manière, quelle que soit la tessiture de l'instrument au sein d'une même famille et donc quelle que soit la note réellement produite. Autrement dit chez la plus part des instruments à vent la note lue correspond à un doigté et non à la hauteur de la note réellement produite.
En revanche les intervalles entre les notes produites sur chaque instrument étant rigoureusement calqués sur ceux de la tonalité de Do, il suffit de transposer convenablement la partition en fonction de la tonalité de l'instrument pour faire entendre les notes attendues par le reste de l'orchestre. Ainsi on fera lire un Ré à un instrumentiste en Sib pour qu'il produise un Do et un La à un instrumentiste en Mib pour qu'il produise également un Do.
Dans le cas des instruments à cordes on a principalement résolu le problème lié à l'emploi d'une unique corde surdimentionnée pour couvrir l'ensemble du spectre audible en multipliant les cordes de diamètres et de longueurs différentes que l'on dispose parallèlement à proximité les une des autres. Au contraire des soufflants qui ne disposent que d'une seule bouche, au surcroit fragile et difficilement mobilisable, les instrumentistes sur instrument à cordes disposent de plusieurs doigts extrêmement mobiles. La plus belle réussite du genre est certainement le piano, bien que relativement encombrant et lui même peu mobile. Question mobilité, la guitare est plutôt une belle réussite.
L'avantage des instruments à cordes c'est qu'a peu de chose près, nonobstant l'écartement des doigts, avec une même position de la mains on conserve le même intervalle entre les notes sur toute l'étendue des différentes tessitures. Il suffit au besoin de modifier la clé sur la porté pour facilité la lecture relativement à la tessiture (Clé de Fa, Clés d'Ut, clé de sol) pour obtenir un do correspondant à la lecture d'un do sur nos partitions, que vous soyez contrebassiste, alto ou violon.
D'où ma question. Pourquoi un jeu de corde en Ré pour la contrebasse ?
J'ai lu un post de Maryse qui semblait indiquer que ce jeu de corde était plutôt monnaie courante en Italie. Serait-ce alors qu'une simple pratique coutumière régionale à l'instar des diapasons allemand et Français.
Mais dans ce cas pourquoi avoir désigné cet accord sous l'appellation "solo" ?
Y-a-t-il un avantage pour les solistes à l'employer ?
Je pose la question après avoir découvert l'existence de partitions pour contrebasse d'une même oeuvre dans les deux versions différentes, l'une "orchestre tuning", l'autre "solo tuning".
Plus étrange encore l'accompagnement pour piano de ces partitions existe également en version solo et orchestre et ne sont manifestement pas dans la même tonalité.
Je ne comprends pas très bien l'intérêt de ces changements de tonalité en ce qui concerne la contrebasse ...
Si on applique à la contrebasse le principe appliqué aux vents, il faut transposer d'un ton plus bas la partition confiée au contrebassiste accordé en Ré pour qu'il soit raccord avec l'orchestre, ce qui n'est pas forcément intéressent pour le soliste. Dans le cas contraire cela oblige à faire jouer tout l'orchestre un ton plus haut ...