Je ne suis pas idiot et je joue des instruments à cordes depuis 25 ans. Je sais bien qu'il faut pour progresser : un travail quotidien, de la discipline, de la progressivité.
Mais il est aussi essentiel de se faire plaisir. Si je fais une heure de lecture, une heure de Nanny et qu'à aucun moment je ferme les yeux et j'essaie de
jouer avec ce bout de bois, alors, j'en serai dégoûté rapidement. J'ai toujours considéré la musique comme un loisir, un jeu. Travailler l'instrument ne doit pas exclure de jouer avec l'instrument. Quitte à ce que ce soit n'importe quoi pendant 15 minutes. Il me
faut du
plaisir.
Alors, je sais qu'en France, dans beaucoup de domaines: Travail = douleur. Quand j'étais gamin, je voulais faire du piano jazz. A 6 ans, hein. Alors que mes parents n'écoutaient pas de musique. Une prof de classique a exigé que je fasse un an de solfège avant de toucher l'instrument. Un an de bizutage.

Tout ça, pour au bout de deux ans de piano dire à mes parents que le blues, le jazz, c'était pas son truc et qu'il était préférable de continuer l'enseignement classique. Résultat : J'ai arrêté la musique pendant 10 ans. Sans doute, mes parents ont simplement mal choisi le prof.
En France, il faut souffrir avant de se faire plaisir. Il suffit de regarder l’omniprésence des pièges dans l'enseignement à l'école. Comment on humilie les gosses avec des subtilités de français au milieu des problèmes de math. Tu as bien bossé ton contrôle de math ? Tu connais toutes les définitions ? Tu sais faire les calculs ? Et bah on va mettre le problème sur 8 points, comme ça, tu te casses les dents dessus et tu te persuades que t'es "pas douté en math". Alors que c'est juste que dans ta famille, on ne lit pas, et que tu n'as pas fait attention à la subtilité de français dans la question posée.
On a tous eu un prof qui rend les copies par ordre décroissant des notes avec un petit commentaire bien dégueulasse, non ? Le prof sadique, façon Wisplash, dans l'inconscient collectif, en France, c'est ce qu'il faut.
Bon, c'est pas ma conception du truc. Je bosse. Une heure. Deux heures.
Et après, je me fais plaisir. Faire vibrer les cordes à vides, c'est un super boulot. On peut y prendre du plaisir. Mais je vais pas attendre 10 ans avant de tenter un vibrato.
Après, je comprends que certains d'entre vous aient pu consentir à faire ce long apprentissage, bien sadique, et qu'ils n'aient pas envie de m'aider dans ma démarche. A ceux là, je dis juste : S'il vous plaît, n'en dégoûtez pas les autres !