Je vais essayer d'être synthétique. Je pense qu'effectivement on est tous un peu paumés face à ce qui nous arrive, pour moi : une pandémie réelle et réellement dangereuse, des prises de conscience et/ou des acceptations de cette réalité différentes selon les pays, selon les sensibilités, selon les situations sociales, culturelles etc., des injonctions de réactions ou de non réactions qui sont données à nos gouvernants, et inversement (de nos gouvernants vers les groupes ou les individus).
Pour moi, le gros bordel, c'est ça.
Et puis maintenant, essayons de prendre un peu de distance pour essayer là aussi de comprendre ce qu'il se passe.
Ce que je ne perds pas de vue, c'est que tout cela arrive non pas dans un monde vierge de relations sociales, économiques, politiques, de systèmes en place, de crises diverses et variées, de systèmes de domination, de rapports de forces, de catastrophes existantes et/ou à venir (notamment climatiques, démographiques, politiques etc. etc.).
Et à partir de là, je crains que souvent, de manière consciente ou pas, on réécrit tout selon les prismes qui nous conviennent ou non, et pour accompagner cela, pour que la pilule passe mieux y compris pour soi-même, on mélange à qui mieux mieux, par exemple, les causalités et les corrélations. On met tout cela en ordre dans un système d'explication qui nous rassure, y compris dans le plus grand des pessimismes : je l'avais bien dit, on va dans le mur, la preuve est là. Donc y compris dans ces situations, on est rassurés.
Par exemple. J'essaye de ne pas trop être naïf mais j'essaye aussi de comprendre ce qu'il se passe sans non plus me gaver de vidéos diverses et variées, et encore moins celles qui vont "dans mon sens". Si on veut démontrer qu'il y a une corrélation entre Macron qui va au théâtre et sa prise de décision quelques jours plus tard de fermer tout le pays, quelque chose qui n'était jamais arrivé, on peut effectivement le faire. On peut même y croire (puisqu'on ne peut pas le démontrer), mais cela relève pour moi d'une pseudo démonstration pour prouver que ce type (qu'on traite alternativement de nullissime qui fait n'importe quoi, qui ne maîtrise rien et de grand manipulateur quasi démoniaque) suit une feuille de route bien précise et sait où et comment il veut y aller.
Dans cet exemple, la décision qu'il a prise, il l'a prise visiblement à contre coeur puisque des semaines auparavant, il nous disait que tout allait bien, et, regardez, je vais même au théatre. Sauf qu'il était loin d''être le premier à avoir pris la décision de confiner et que notamment les italiens nous disaient (y compris personnellement) d'arrêter de déconner et que c'était l'enfer en Lombardie. Ils nous disaient tous que nous étions inconscients et qu'il fallait très vite réagir. Nous on en était aux accidents de trottinette qui faisaient plus de morts ...
Entre parenthèses il faut à un moment donné que quelqu'un prenne une décision, la question est pour moi de savoir comment fonctionne le processus de décision et il y a un énorme problème en France largement lié à nos institutions donnés par la Ve République qui décline ses modes de fonctionnement un peu partout dans l'administration. Mais bon, il y en a d'autres aussi comme par exemple la haute fonction publique qui est largement à la manoeuvre dans les modalités de mise en oeuvre des mesures décidées, avec des succès, mais pas que ...
Pour résumer, je pense que nous sommes abreuvés d'avis y compris scientifiques, politiques, sociologiques etc. quelque fois émis par des personnes très!s pertinentes, mais qui parfois elles aussi réagissent selon des convictions qui leur font tordre certaines réalités, et nous construisons notre monde de certitudes avec tous ces éléments piochés à droite à gauche.
Et je pense qu'il y a en plus un phénomène de mode qui traverse tous les débats et même les plus vigilants, les fers de lance de la contestation et de l'éveil y tombent y compris dans le vocabulaire. On utilise ainsi quelques concepts de la psychologie comportementaliste comme les nudge et on se le ressuce à la moindre occasion (il y a deux choses que je ne supporte plus, c'est l'expression au jour d'aujourd'hui et placer les nudge à tout bout de champ pour démontrer notre manipulation. Bon, mais c'est pour rire, je supporte, t'inquiète).
Donc, gros problème pour moi d'essayer de ne pas tomber dans des corrélations qui sont souvent bidons pour expliquer des causes. On m'avait donné pour exemple il y a bien longtemps quand j'avais un peu bossé les statistiques la fatuité de certaines corrélations totalement ineptes. On avait fait une corrélation entre la réussite aux testes d'un groupe d'enfants avec leur pointure de pied. Ceux qui avaient les plus grands pieds réussissaient mieux aux tests. En fait, ils étaient simplement plus âgés et il y avait en fait une corrélation entre la réussite aux tests et l'âge des enfants. Faut faire gaffe à la fameuse cohérence.
Ce que je veux dire, c'est que cette crise arrive dans un monde en crise où les puissances économiques de l'argent, les puissances économiques politiques mondiales, les relations de domination etc. existent et c'était un combat de tous les jours. La pandémie arrive, les puissances financières continueront toujours de se faire un max de blé, les labos qui s'en faisaient avant vont continuer à essayer de se gaver. Les combats géopolitiques, les crises régionales (Syrie, etc. etc.) continueront à se déployer et à servir d'alibi aux grandes puissances pour diverses raisons.
Ce n'est pas pour cela que la pandémie n'existe pas, que ce n'est pas grave, mortel, dangereux et très compliqué à maitriser. Sauf visiblement dans certains pays dictatoriaux. La pandémie n'est pas la cause des rapports de force et de domination qui préexistaient.
On peut dire aussi qu'elle a été provoquée pour arriver où on en est. Je pense que "ils" avaient et ont d'autres moyens que cela pour essayer d'arriver à leur fin que d'envoyer Bill Gates nous balancer le virus. Ce brave Bill ... Il dit il y a quelques années ce que tous les infectiologues du monde disent depuis des années, que, outre les catastrophes climatiques etc., le monde court un risque majeur avec de grandes pandémies etc. compte tenu notamment de nos modes de vie, de communications etc. Et on fait la corrélation entre le virus qui arrive et un représentant du groupe de manipulateurs mondiaux qui a un dessein. Et on en fait ensuite un lien de causalité.
Un mot sur notre marche inéluctable vers la dictature en France. Déjà, arrêtons de regarder notre nombril. La démocratie en France est comme toute démocratie. Rien n'est jamais acquis. Il faut la défendre. Toujours. Il y a un paquet de choses à changer, mais je préfère cela qu'un système parfait, y compris populaire, "réellement" démocratique etc. Je l'ai dit plus haut, la Ve république a passé son temps, et depuis longtemps. Mais en tout cas, elle permet aux oppositions (alternativement à gauche ou à droite etc.) de se lâcher de manière irresponsable et de hurler en permanence sur tout et n'importe quoi..
Bref, nous ne sommes pas en dictature. Nous ne sommes pas en Turquie, en Chine. Il y a des institutions, il y a la presse, il y a la rue. Avec beaucoup de problèmes oui, mais quand même.
Donc, en conclusion, certes lisons tout cela à travers le prisme de ceci et cela. Les prises ont (si je me souviens bien mais on me corrigera) notamment pour particularité de concentrer et de dévier la lumière. Ce n'est jamais neutre. Donc, je suis en premier lieu pour une réflexion personnelle et introspective et pour une lecture effectivement à travers des prismes, nombreux et variés, et qu'on sorte de sa zone de confort.
Allons nous frotter à d'autres visions que celles qui nous conviennent. Personnellement, je le fais mais faut pas exagérer non plus... A titre d'exemple, je me regarde régulièrement les points de Raoult. Pas tous, mais quand même. Souvent, majoritairement, beaucoup de pertinence (en tous les cas de ce que j'en comprend) entourée de beaucoup d'égo. Ce n'est plus surdimensionné, c'est carrément autre chose.
Bref, beaucoup de pertinence, mais je m'amuse de son glissement sémantique pour expliquer qu'il n'a jamais eu tort. En fait, c'est tout l'environnement qui change. Je n'ai pas trop le temps, mais c'est pour moi frappant son argumentaire sur la chloroquine et sur le fait que l'épidémie s'est arrêtée (comment, vous n'êtes pas au courant ?). C'est autre chose maintenant. ce n'es plus le même virus, c'est une autre épidémie.
En gros, on est toujours dans la merde, mais c'est la merde qu'il décrit lui, et tout le monde fait tout mal sauf à Marseille. Enfin, Marseille 5e arrondissement.
Mais je n'aimerais pas trop être à leur place, des uns et des autres.
