L'année dernière j'ai pris deux cours avec 2 "grands" et ça m'a appris infiniment. L'un Gilad Hekselman, et l'autre Jeff Ballard.
En ce qui concerne la pulsation intérieure, l'heure avec Hekselman a été consacrée à ça.
Une petite vidéo pour apprécier "l'ampleur des dégâts" concernant ce merveilleux musicien, et les gens avec lesquels il travaille.
[youtube]etCV6OkzDF0[/youtube]
Donc au début du cours, il me parle du tempo intérieur. Il me dit: "you have to feel it" (tu dois le sentir). Et moi "oui, ok... mais où? comment?" Il me dit "... pour certaines personnes c'est dans le mental, pour d'autres, comme moi c'est dans le cœur que ça se trouve".
Et il m'a fait bosser comme suit: le métronome à la ronde (par exemple, à 32 pour une noire à 128. Maintenant, il m'arrive de bosser avec le métronome à 15...). Et rien dans ton corps ne doit indiquer que tu bas la mesure. Pas de mouvement de tête, de pied, de mâchoire, rien. A l'intérieur de toi, en silence, tu fais bien ce que tu veux... Et le fait de bosser à la ronde, tranquillou au début, en étant hyper concentré sur ces sensations personnelles fait que "ça" se construit.
Je bosse aussi d'autres trucs, à l'exemple des batteurs. On s'attend toujours qu'ils soient les garants du tempo... ha bon? Et les autres musiciens, ils sont là pour quoi, pour décorer? Quel est leur autonomie à eux, à ce niveau là? Donc je bosse aussi "à la batteur", avec au moins 3 pulses différentes dans le corps, même basiques. Exemple: le pied qui tape le 2 et le 4, la bouche qui scande les noires de la mesure (4, 5, 7 temps... comme on veut) et les mains qui jouent au début des noires, puis au fur et à mesure, qui s'éloignent d'une walk pour phraser plus. Un riff avec un des contretemps, et plus si affinités. Mais toujours le pied et la bouche qui font leur job.
Par contre, bosser avec le métronome sur tous les temps, en essayant d'être hyper calé et précis, c'est à mon sens tout à fait contre-productif quand on veut ouvrir vers la pulsation intérieur. Bosser à la ronde, même si au départ ça donne le vertige (surtout parce qu'on est tout crispé et mort de trouille...) permet de mettre de l'air et de sentir le tempo, de le sentir vraiment. C'est à dire que c'est toi qui le fait, qui le créé, littéralement. Au lieu d'avoir une belle-mère sur tous les temps qui dit "ici, là, ici là..."
Le métronome sur le premier temps il dit "là" une seule fois, c'est ça qui est important, et ensuite tu amènes ton histoire pour la durée qui suit. Tu fabriques ta régularité, ton autonomie, au lieu d'être corrigé à chaque coup... ce qui est en terme de pédagogie (rendre l'étudiant libre et autonome) une aberration, à mon sens. Même si je l'ai pratiqué longtemps.
Mais 80% du taf se fait à l'intérieur et de l'intérieur. La concentration, le focus sur ses sensations (mais un focus souple, sensitif, pas rigoriste et acéré), et la plongée dans "sa" pulse intérieure. La sienne. Pas celle du métronome.