Ron Carter
Publié : 27 oct. 2007, 14:15
Salut
j'ai vu que certains n'hésitaient pas ? ?voquer avec le sourire la justesse de Ron Carter sur l'instrument.
J'ai donc un petit cadeau exclusif pour vous chers amis !
J'ai interview? ce grand musicien cet été ? l'occasion de son concert ? Cussac Fort-M?doc. 12 minutes d'entretien pas facile. Il y avait du bruit, une traductrice en lui et moi... Bref, j'ai un peu gal?ré et je ne suis pas très staisfait de cet itw qui devait paraître pour Citizenjazz.
Je vous la livre telle quelle, et vous verrez que ma question sur la justesse a d?stabilis? quelque peu mon "client"
Ron Carter
Cussac Fort-M?doc, le 20 juillet 2007.
Festival Jazz Fort-M?doc.
Comment en êtes-vous venu ? jouer avec Jacky Terrasson?
Heu? Vous devriez plutôt me demander comment Jacky en est venu ? jouer avec moi ! C'est très différent ! Jacky a son propre groupe, et j'ai le mien. Mais le pianiste qui devait faire cette tourn?e avec moi (Mulgrew Miller) n'était pas disponible, alors j'ai demandé ? Jacky de jouer avec moi ? Boston et nous nous sommes régal?s. Je lui ai donc proposé de se joindre ? moi sur cette tourn?e qui se d?roule merveilleusement bien.
Vous aviez déjà joué avec Jacky Terrasson?
Oui, nous avons fait quelques concerts ensemble l'année dernière.
Pourquoi jouer sans batterie?
C'est un choix. J'aime jouer avec un batteur mais lorsqu'il n'y a pas de batterie on n'a pas besoin de se soucier du son de la batterie, de sa mise en place? On est moins nombreux sur scène et j'aime cette sensation.
Est-ce que c'est plus difficile?
Je suppose que cela dépend des personnes avec lesquelles vous jouez? ( rires)
Et pourquoi un tel choix d'instruments? Il ne s'agit pas du trio ? piano ? tel qu'on se l'imagine?
Mais au contraire, ça l'a été pendant des années mais plus maintenant. L'idée n'est vraiment pas nouvelle. J'aimerais bien prétendre que c'est le cas, mais ce n'est pas vrai. Il y a bien des gens qui essaient de le dire, mais ça n'en est pas moins faux. Je veux dire qu'il y a eu des trios avec batterie, des trios sans batterie comme celui de Nat Cole qui est probablement le plus c?làbre, ou encore celui de Ray Brown? Ce n'est donc vraiment pas une idée nouvelle.
Est-ce que vous en retirez une ?nergie particuliére?
Non, pas plus en quartet qu'en trio ou dans d'autres formations.
Vous avez un répertoire particulier pour ce groupe ?
Oh oui, j'en ai une pleine bibliothèque.
On sait que vous avez enregistré plus de 2000 disques. A votre avis pourquoi ? Quelles ont été, et sont, les qualités de Ron Carter pour jouer avec autant de monde ?
Eh bien cela fait plus de 2000 personnes ? interroger ! Allez-y si vous le souhaitez ( rires), il suffit de leur poser la question !?
Qu'est-ce que cela vous a apport??
Un très bon salaire, et la chance de jouer avec beaucoup de musiciens différents.
Il semble que, du moins en France, certaines personnes pensent que vous jouez légèrement faux?
(surpris) Qu'on m'am?ne ces gens, trouvez-moi une personne qui dise cela !
Eh bien ce débat existe. Comme il existe autour de la justesse de Coltrane?
Je ne les connais pas et je ne peux pas croire qu'ils disent cela en étant parfaitement honnêtes ! J'aimerais bien les rencontrer, et j'aimerais qu'ils me montrent quand je joue faux. Qu'ils me disent : "Sur ce disque vous jouez faux mais sur celui-ci vous êtes juste". J'aimerais bien qu'ils me le montrent mais je ne pense pas qu'ils puissent le faire. Par contre, il se peut qu'ils aient autre chose ? me reprocher ou qu'ils agissent par jalousie, mais en dehors de ça je ne vois pas. Enfin? J'ai 70 ans, cela fait bientôt 60 ans que je fais de la musique et je crois que c'est tout ce qu'il y a ? en dire. Je vais continuer ? jouer quoi qu'ils en disent. Alors si cela leur pla?t de penser que je joue faux?De toute façon, j'ai enregistré plus de 2000 disques alors j'aimerais bien qu'ils m'expliquent comment j'y suis parvenu en jouant faux ! Et puis il ne faut pas oublier que cela remet également en cause tout autant les autres musiciens concernés que la musique qui en est n°e ! Alors ils n'ont qu'à dire que je joue faux, ça m'est bien égal. J'ai joué dans des concerts fabuleux, vous avez déjà rencontré des gens avec qui j'ai joué ? Vous avez rencontré Jacky? C'est incroyable ça ! Mais j'aimerais bien rencontré ces gens et les obliger ? me montrer un exemple de ce qu'ils avancent. Vous prétendez que je joue faux sur ce disque ? Eh bien prouvez-le moi !!
Mais la notion de "justesse" n'est-elle pas secondaire ?
Non, elle a son importance. Il faut une certaine harmonie, sinon ça ne sonne pas. Et une fois encore, j'aimerais bien rencontrer ces gens afin qu'ils me disent sur quoi ils se fondent pour dire que je joue faux !
Peut-?tre que le fait de jouer faux donne une dimension particuliére ? la musique ?
Non, je ne dirai jamais cela, jamais, jamais. Jouer faux, c'est jouer faux et cette d?finition-là me convient. Quel que soit l'instrument dont vous jouez, que vous jouiez en di?se ou en bécart. Le piano ici sonnait faux dès le deuxième morceau ? cause de l'humidit?, de la chaleur des projecteurs (il montre du doigt la scène et le groupe des Fr?res Moutin)? Alors vous voyez? Mais encore une fois, qu'on me montre ? quel moment je joue faux !
Pour ma part je ne m?y risquerai pas !
Et voilà ! (rires)
Beaucoup de jazzfans, critiques et musiciens consid?rent aujourd?hui que le quintet de Miles Davis constitue une sorte de quintessence du jazz. Qu'en pensez-vous?
C'est un problème d'historiens ! Ils essaient toujours de classer les musiciens. Mais moi, ce n'est pas mon boulot ! Mon boulot consiste ? jouer le mieux possible chaque soir? et juste ! (rires)
Et l'enseignement ?
J'adore enseigner.
Que voulez-vous transmettre ?
Pour l'instant j'enseigne dans une école et j'apprends ? mes élèves ? jouer une ligne de basse, ? devenir un professionnel? et donc ? jouer juste ! Mais je leur dis d'abord qu'il faut jouer tous les jours. Qu?ils fassent de leur mieux chaque jour et chaque soir sur scène, parce que c'est ça être un professionnel.
Qu'est-ce que l'enseignement vous apporte ?
J'en apprends plus sur la basse chaque jour. Il faut que je leur montre comment faire, ce qui suppose d'y penser, de penser ? son mode de fonctionnement, ? ce qui l'empêche de fonctionner correctement et savoir y rem?dier. C'est tout cela qui me rend toujours plus attentif aux meilleurs choix à faire et ? toutes les possibilités qu'offre la basse.
En quelque sorte cela vous garde en forme?
D'un point de vue émotionnel, oui.
Vous rencontrez des gens prometteurs?
Vous voulez savoir s'ils deviendront des stars ? Je n'en sais rien ! Mais ils seront de meilleurs musiciens après mes cours.
Et quels sont vos projets?
Je viens de terminer un enregistrement ? New York, j'en ai un autre prévu avec le chanteur Bobby Womack et je vais enregistrer pour Blue Note.
Toujours autant de sessions alors?
Oui, et tout cela dans la justesse! (rires)
j'ai vu que certains n'hésitaient pas ? ?voquer avec le sourire la justesse de Ron Carter sur l'instrument.
J'ai donc un petit cadeau exclusif pour vous chers amis !
J'ai interview? ce grand musicien cet été ? l'occasion de son concert ? Cussac Fort-M?doc. 12 minutes d'entretien pas facile. Il y avait du bruit, une traductrice en lui et moi... Bref, j'ai un peu gal?ré et je ne suis pas très staisfait de cet itw qui devait paraître pour Citizenjazz.
Je vous la livre telle quelle, et vous verrez que ma question sur la justesse a d?stabilis? quelque peu mon "client"
Ron Carter
Cussac Fort-M?doc, le 20 juillet 2007.
Festival Jazz Fort-M?doc.
Comment en êtes-vous venu ? jouer avec Jacky Terrasson?
Heu? Vous devriez plutôt me demander comment Jacky en est venu ? jouer avec moi ! C'est très différent ! Jacky a son propre groupe, et j'ai le mien. Mais le pianiste qui devait faire cette tourn?e avec moi (Mulgrew Miller) n'était pas disponible, alors j'ai demandé ? Jacky de jouer avec moi ? Boston et nous nous sommes régal?s. Je lui ai donc proposé de se joindre ? moi sur cette tourn?e qui se d?roule merveilleusement bien.
Vous aviez déjà joué avec Jacky Terrasson?
Oui, nous avons fait quelques concerts ensemble l'année dernière.
Pourquoi jouer sans batterie?
C'est un choix. J'aime jouer avec un batteur mais lorsqu'il n'y a pas de batterie on n'a pas besoin de se soucier du son de la batterie, de sa mise en place? On est moins nombreux sur scène et j'aime cette sensation.
Est-ce que c'est plus difficile?
Je suppose que cela dépend des personnes avec lesquelles vous jouez? ( rires)
Et pourquoi un tel choix d'instruments? Il ne s'agit pas du trio ? piano ? tel qu'on se l'imagine?
Mais au contraire, ça l'a été pendant des années mais plus maintenant. L'idée n'est vraiment pas nouvelle. J'aimerais bien prétendre que c'est le cas, mais ce n'est pas vrai. Il y a bien des gens qui essaient de le dire, mais ça n'en est pas moins faux. Je veux dire qu'il y a eu des trios avec batterie, des trios sans batterie comme celui de Nat Cole qui est probablement le plus c?làbre, ou encore celui de Ray Brown? Ce n'est donc vraiment pas une idée nouvelle.
Est-ce que vous en retirez une ?nergie particuliére?
Non, pas plus en quartet qu'en trio ou dans d'autres formations.
Vous avez un répertoire particulier pour ce groupe ?
Oh oui, j'en ai une pleine bibliothèque.
On sait que vous avez enregistré plus de 2000 disques. A votre avis pourquoi ? Quelles ont été, et sont, les qualités de Ron Carter pour jouer avec autant de monde ?
Eh bien cela fait plus de 2000 personnes ? interroger ! Allez-y si vous le souhaitez ( rires), il suffit de leur poser la question !?
Qu'est-ce que cela vous a apport??
Un très bon salaire, et la chance de jouer avec beaucoup de musiciens différents.
Il semble que, du moins en France, certaines personnes pensent que vous jouez légèrement faux?
(surpris) Qu'on m'am?ne ces gens, trouvez-moi une personne qui dise cela !
Eh bien ce débat existe. Comme il existe autour de la justesse de Coltrane?
Je ne les connais pas et je ne peux pas croire qu'ils disent cela en étant parfaitement honnêtes ! J'aimerais bien les rencontrer, et j'aimerais qu'ils me montrent quand je joue faux. Qu'ils me disent : "Sur ce disque vous jouez faux mais sur celui-ci vous êtes juste". J'aimerais bien qu'ils me le montrent mais je ne pense pas qu'ils puissent le faire. Par contre, il se peut qu'ils aient autre chose ? me reprocher ou qu'ils agissent par jalousie, mais en dehors de ça je ne vois pas. Enfin? J'ai 70 ans, cela fait bientôt 60 ans que je fais de la musique et je crois que c'est tout ce qu'il y a ? en dire. Je vais continuer ? jouer quoi qu'ils en disent. Alors si cela leur pla?t de penser que je joue faux?De toute façon, j'ai enregistré plus de 2000 disques alors j'aimerais bien qu'ils m'expliquent comment j'y suis parvenu en jouant faux ! Et puis il ne faut pas oublier que cela remet également en cause tout autant les autres musiciens concernés que la musique qui en est n°e ! Alors ils n'ont qu'à dire que je joue faux, ça m'est bien égal. J'ai joué dans des concerts fabuleux, vous avez déjà rencontré des gens avec qui j'ai joué ? Vous avez rencontré Jacky? C'est incroyable ça ! Mais j'aimerais bien rencontré ces gens et les obliger ? me montrer un exemple de ce qu'ils avancent. Vous prétendez que je joue faux sur ce disque ? Eh bien prouvez-le moi !!
Mais la notion de "justesse" n'est-elle pas secondaire ?
Non, elle a son importance. Il faut une certaine harmonie, sinon ça ne sonne pas. Et une fois encore, j'aimerais bien rencontrer ces gens afin qu'ils me disent sur quoi ils se fondent pour dire que je joue faux !
Peut-?tre que le fait de jouer faux donne une dimension particuliére ? la musique ?
Non, je ne dirai jamais cela, jamais, jamais. Jouer faux, c'est jouer faux et cette d?finition-là me convient. Quel que soit l'instrument dont vous jouez, que vous jouiez en di?se ou en bécart. Le piano ici sonnait faux dès le deuxième morceau ? cause de l'humidit?, de la chaleur des projecteurs (il montre du doigt la scène et le groupe des Fr?res Moutin)? Alors vous voyez? Mais encore une fois, qu'on me montre ? quel moment je joue faux !
Pour ma part je ne m?y risquerai pas !
Et voilà ! (rires)
Beaucoup de jazzfans, critiques et musiciens consid?rent aujourd?hui que le quintet de Miles Davis constitue une sorte de quintessence du jazz. Qu'en pensez-vous?
C'est un problème d'historiens ! Ils essaient toujours de classer les musiciens. Mais moi, ce n'est pas mon boulot ! Mon boulot consiste ? jouer le mieux possible chaque soir? et juste ! (rires)
Et l'enseignement ?
J'adore enseigner.
Que voulez-vous transmettre ?
Pour l'instant j'enseigne dans une école et j'apprends ? mes élèves ? jouer une ligne de basse, ? devenir un professionnel? et donc ? jouer juste ! Mais je leur dis d'abord qu'il faut jouer tous les jours. Qu?ils fassent de leur mieux chaque jour et chaque soir sur scène, parce que c'est ça être un professionnel.
Qu'est-ce que l'enseignement vous apporte ?
J'en apprends plus sur la basse chaque jour. Il faut que je leur montre comment faire, ce qui suppose d'y penser, de penser ? son mode de fonctionnement, ? ce qui l'empêche de fonctionner correctement et savoir y rem?dier. C'est tout cela qui me rend toujours plus attentif aux meilleurs choix à faire et ? toutes les possibilités qu'offre la basse.
En quelque sorte cela vous garde en forme?
D'un point de vue émotionnel, oui.
Vous rencontrez des gens prometteurs?
Vous voulez savoir s'ils deviendront des stars ? Je n'en sais rien ! Mais ils seront de meilleurs musiciens après mes cours.
Et quels sont vos projets?
Je viens de terminer un enregistrement ? New York, j'en ai un autre prévu avec le chanteur Bobby Womack et je vais enregistrer pour Blue Note.
Toujours autant de sessions alors?
Oui, et tout cela dans la justesse! (rires)