Salutations amis contrebassistes.
Avec mon groupe on travaille beaucoup sur les mesures impaires depuis 1an. C'est vrai que c'est pas facile au début. Mais c'est comme tout. ça vient en pratiquant. il faut je pense, dans un premier temps se créér des rythmes de référence qui passent en 5, en 7, en 9, 11 etc... Une fois qu'on les a bien assimilés, on est sûrs de pouvoir accompagner nos musiciens dans un morceau sans planter tout le monde. Après, je pense qu'il faut encore une fois se lancer et avoir dans ses rangs un batteur sûr qui saura donner le coup de cymbale sur le premier temps par exemple pour retrouver le droit chemin si on connait un moment de flottement. et après quelques séances de pratique assidue, on fini par ressentir cette mesure impaire, se permettre des écarts, et sentir le départ d'une nouvelle mesure. il est vrai que l'on peut résonner de façon mathématique après tout, et se dire que 5/4, c'est 3/4 + 2/4 ou inversement, ou une mesure de 4 avec un temps de plus... Mais je crois que quand on doit en plus créér un walking intéressant, donc trouver les bonnes notes, interagir avec son soliste ou suivre les accents du batteurs, ça devient rapidement impossible de penser à tout ça en meme temps.
il est vrai que les vieilles grilles de standards peuvent aider à se mettre en place, parce que quand on a deux accords à placer dans une mesure... Le découpage se fait plus automatiquement. Mais quand on joue modal... Qu'on change pas d'accord... C'est très important de ressentir ces mesures pour se débloquer.
C'est bien aussi de travailler au métronome. Certains électroniques ont des rythmes impairs inclus. ça marque le premier temps et on peut du coup experimenter des placements rythmiques. C'est très pratique, parce là... C'est binaire... On est dedans ou pas !
Je commence à me sentir à l'aise pour accompagner sur diverses mêtriques impaires, mais par contre, pour improviser dessus de façon naturelle, c'est un autre challenge et là, merci le métronome.
Parmi les bons disques de jazz avec des mesures impaires... Je conseille tous les disques du Moutin reunion quartet (ça parait tellement naturel chez eux), le disque "Oui" du Pierre de Bethmann Septet (un chef d'oeuvre, y'a du 7, du 15 aussi etc...) ou tiens, une reprise de Stevy Wonder : Visions (joué par Joshua Redman 4tet sur l'album Timeless tales for changing times)... repris en 15 : 8 + 7. Très bon
Sinon, aussi, c'est très important de travailler toutes ces metriques à différents tempi, c'est évident... Mais être à l'aise sur du 5 lent... ça ne signifie pas qu'on le sera à un tempo deux fois plus alerte !
Et puis aussi, mon batteur qui reflechit beaucoup sur la question me met parfois au défis de le suivre sur certains morceaux en 3/4. On se met alors à jouer en 4/4 pendant 3 mesures (pendant que 4 mesures de 3 défilent...) et on se retrouve tous ensemble sur le temps d'après. les compositeurs baroques pratiquaient dejà l'hemiole au moment des cadences au 17ème ! (par exemple sur deux mesures à 3/4, marquer le rythme tous les 2 temps)
mais c'est comme tout... On a beau intellectualiser le truc, faire des bonnes choses sur le papier, il faut impérativement le jouer, faire et défaire et ça fini par devenir aussi naturel que du 4 ou du 3, il n'y a pas de raisons.
Attention aussi parce que l'abus d'impair peut aussi créér l'effet inverse :
il m'est arrivé de me retrouver en grande difficulté dans un concert sur un morceau simple en 3/4... Parce que le morceau d'avant était en 11/8. Et je n'arrivais plus à me remettre dans ce rythme là. (la marrade ! grand moment de solitude !)
Tiens aussi, un exemple de 7/4 : Le couplet de "All you need is love" des Beatles. Le refrain est quant à lui en 4/4.
Ciao
