Tout à fait. « Oreille musicale » est un fourre-tout conceptuel dans lequel on peut mettre (et dans lequel on met, d’ailleurs) plein de choses. Conclusion : pour ne pas partir dans tous les sens, on a intérêt à définir exactement ce qu’on entend par là (« Par là, j’entends pas grand-chose », aurait dit Pierre Dac). Cela dit, si on emploie le mot dans un usage non rigoureux, pour aller vite, il me semble qu’on peut se mettre en gros d’accord sur quelques aptitudes basiques, par exemple celle de chanter juste, y compris en « intonant » bien des intervalles tordus, celle de trouver sans trop de difficulté une deuxième voix à un thème de chanson populaire, celle de repiquer rapido une grille d’après un disque, celle de mémoriser une douzaine de mesures de musique même modulante et de les chanter de suite, etc.Maryse a écrit :Ça veut dire quoi ne pas avoir l'oreille musicale, parce que moi, par exemple, je ne sais pas ce que ça veut dire.... Chanter faux ? Ne pas reconnaître les notes ? Ne pas différencier deux mélodies différentes ? Ne pas avoir le sens du rythme ?
Dans l’usage quotidien, ça convient, tant bien que mal. Mais il y a des tas de mots comme ça, qui désignent des concepts de grande extension et qu’on emploie sans y penser : liberté, objectivité, solidarité, etc... Pour la conversation courante entre potes, on sait à la louche ce qu’on veut dire par là. Dans un contexte plus exigeant (une conversation un peu sérieuse, une polémique enragée sur le forum de contrebasse.com, ou "pire" encore, un article, une thèse, etc.), il vaut mieux définir de manière précise le sens dans lequel on emploie le mot.
Maintenant, le problème de l’élitisme. À mon sens, il ne faut pas confondre une représentation idéologique avec les mots qui servent à la véhiculer, et c’est là que Timo fait, me semble-t-il, fausse route. L’expression « oreille musicale » , quel que soit le sens qu’on lui donne, est neutre par rapport à cela. La preuve ? Elle peut servir dans des contextes très élitistes (« Nul n’entrera dans ce conservatoire s’il n’a l’oreille musicale »), plutôt non élitistes (« Nous nous efforçons de faire acquérir à nos élèves une oreille musicale à leur rythme, au moyen d’exercices ludiques, et sans jamais les mettre en situation d’échec ») ou carrément anti-élitistes (« L’oreille musicale, c’est des conneries, ça a jamais existé, tu prends ton biniou, tu joues, point barre »).
Entrez, entrez, M's'ieurs-Dames, et choisissez l'idéologie qui vous plaît le mieux.