une rubrique pour parler de tout(et surtout de rien !!)

[michif]

[asr]

Ha! Voilà un bon bizuthage à la régulière!!

[gromer]

salut,

je viens passer mes nerfs parce que p... ce que c'est vilain les debuts à l'archet! Plus simple, le morceau, y'a pas. Une "valse ecossaise" qui ressemble à ce morceau (de Leadbelly , je crois bien). En blanche pointée à 80, puis 12 mesures de "ré".

Ce qui me fait plaisir, c'est d'accompagner les minots ( un arrangement 4 cb). De me dire que ma pulse est assez stable, ce qui peut s'averer utile, vu l'impétuosité qu'ils ont à cet âge.Mais bon dieu que c'est vilain, bondieu que c'est faux, bondieuksagrince. C'est si facile avec les doigts. Que fait-ce ( bin oui, Thélème toujours ) que "la-si" à l'archet devient un innommable?


[youtube]YVOa6XhF4yg[/youtube]

[Maryse]

Que fait-ce ( bin oui, Thélème toujours ) que "la-si" à l'archet devient un innommable?

Le problème avec l'archet (enfin... "le"... je suis optimiste!) c'est que la main gauche, la qualité de sa pression et sa stabilité dans la pression, est aussi importante que la tenue de l'archet lui-même. Bon tu m'diras "oui mais les cordes à vide??" et là je dirai "bon.. euh. Hein. Tu chipotes. D'abord, c'est celui qui dit qu'il y est. "

En plus, comme ça couine et que ça grince du coup, on joue tout crispé en essayant d'éviter les couinements sus-nommés, du coup, on retient le geste et du coup ça grince encore plus. Car dans l'archet, tout est affaire de poids et de relâchement. Bref, moi je trouve qu'iil faut jouer fort au début. Hyper fort. Rentrer dans la corde comme un démon sans essayer de faire joli propre sur soi. Palsambleu. Produire de la grosse masse sonore déjà pour démystifier le truc, puis pour "forcer" le bras à mettre du poids dans un appui de pression avant que d'arriver à être dans un juste rapport poids naturel - légère pression.

Un sculpteur quand il commence un travail, imagine Rodin. Le penseur. Le gars, il est obligé d'avoir un bloc de marbre (c'est du marbre?) beaucoup plus gros que le résultat final. Il commence avec deux fois la masse nécessaire, au moins! S'il commençait avec juste ce qu'il faut, à peine plus de pierre que pour le final, p'tin... il serait bien emmerdé! Il aurait toujours peur de faire un faux mouvement, d'avoir un éclat trop important qui lui nique son travail, du coup il va y aller par petit coups précautionneux, en retenant son geste, pour éviter de faire une connerie.

Mais s'il sait qu'il a de la marge ma foi. Youpi. En voiture Simone. Là c'est pareil. A mon sens, essayer de faire de suite proche du résultat final escompté c'est une bêtise. D'abord travailler sur du grossier trop fort pas propre et "aller chercher" le bras. Le sursolliciter. Dégrossir, comme sur le bloc de marbre. Et ensuite, quand le geste devient plus assuré, c'est à dire qu'on commence à avoir le bon ressenti, on affine, tranquillou.

Autre chose... faut aimer le son des cordes frottées. Ça ne plaît pas à tout le monde... perso, je ne suis pas une super grande fan ce qui fait que je n'ai jamais mis un coeur particulier à bosser l'arco.

[asr]

Hmmm…
Rodin faisait des bronzes. Moulés sur des sculptures en terre

Mais, au lieu de bananer à grand coup de mailloche (et encore, on fissurerait), il devait sans doute « jeter » de gros blocs de glaise et les martyriser comme de la pâte à pain avant d'en faire quelque chose qui ressemble à un.e nu.e.
Donc l'idée n'est pas trop éloignée de ton propos

Pervers pépère fait de la sculpture

[gromer]

Oui, tout ça me parle , Maryse.

je vois ce matin qu'il faut en effet appuyer davantage, rentrer dedans, pour avoir un son plus "droit", au sens de plus égal. Comme avec une anche, lui dire " tu vas morfler" Apres, va falloir apprendre à ne pas crisper la main sur l'archet pcq ça fait mal tres vite.

Comme tu t'en doutes, il n'est pas, à ce stade, question de "finesse", ni d'articuler quoi que ce soit. L'articulation, je la bosse sur le pizz mais la prof vient de me dire qu'il fallait chercher un plus gros son pour faire entendre la contre derriere un piano. J'y allais pourtant franco et du coup, je bourine avec l'epaule et l'index ne suit plus, le mouvement est trop ample par rapport au placement ( c'est clair?) . Encore du taf, alors que ma petite comptine me semblait à peu pres pliée. Je te raconte pas la gueule qu'il prend, le shuffle, quand j'essaye d'arracher les cordes

Cordes à vide vs faire des notes: en fait, l'equilibre de la contre n'est pas le même. En pizz, elle tient toute seule, du fait de la md, et plus pres du corps. Arco, on est plus loin et c'est la main gauche qui tient. D'où, peut-être, cette impression de perte de repères corporels.

Après, surement que je psychote un peu aussi. Les cordes frottées, c'est special. Comme pour rentrer tôt au logis, ça frotte.
Bon, c'etait ma pause d'apres une seance de " avide, poussé/tiré, même son". J'attaque mon petit morceau, en pur dechiffrage pour commencer. le cerveau gerera la blanche pointée tout seul, plus tard.

Merci d'être là

[Maryse]

Donc l'idée n'est pas trop éloignée de ton propos

Ma métaphore fonctionne et est parlante même si en effet, j'avoue que je n'ai pas étudié le travail du sculpteur Mais bon, je me fais une représentation d'un gus sur son petit escabeau et attaquant seul un immense bloc de pierre, quelle qu'elle soit.

[gromer]

je pars grimper sur mon escabeau aussi ,fixer des projos. Tu crois que ça aidera?

ouais. Retour vite fait. On travaille aussi avec le cerveau, la pensée positive, que sais-je. Je me rends compte que j'ai besoin d'entendre une phrase, ou un bout de phrase, les intervalles, dans ma tête, pour que les doigts aillent chercher ( un peu le graal!). Vouloir la note, ça aide.

Et pour reprendre courage face aux couinements, un poeme de Yeats. L'ignominie, oui, encore!
https://www.poetryfoundation.org/poems- ... tail/43294

Pour parler d'autre chose, le "mental", vous travaillez ça? Genre hypnose?

Bonne fin de journée

[gromer]

Fou rire quand je me rends compte que je suis en train d'y aller " à la truelle", c'est le geste, la pression comme quand on peint un mur au rouleau. Et ça marche. Ca couine un peu moins, ça détend dans la tête, surtout. Cette corde de sol à vide fait un bruit de vilain moustique, bzzzzt. Et puis, découverte decoiffante qu'une corde frottée ne sonne que tant que tu appuies l'archet dessus. Son sec. Alors qu'en pizz ça sonne longtemps, parfois trop et il faut la muter. Quant à la main gauche, c'est freestyle mais je commence à choper où sont les notes. je comprends pas comment il y a une telle difference. Comment font les gens qui jouent un coup en pizz puis un coup arco sur le même morceau?

[Maryse]

Quant à la main gauche, c'est freestyle mais je commence à choper où sont les notes. je comprends pas comment il y a une telle difference.

L'archet est implacable pour la justesse. En pizz, on peut s'arranger... sur un malentendu ça crée une grosse différence dans le rendu. Tu ne te rends peut-être pas compte qu'en pizz tu joues "faux" (je n'aime pas trop ce terme, ça fait punition!) et l'archet te le mets bien en gras devant les yeux.

[Patrick MANET]

En plus, lorsque l'on commence à jouer à l'archet, concentré sur le mouvement de la baguette on peut facilement bouger la main gauche en réaction ce qui n'arrange rien pour l'intonation.

[Leptimo]

C'est ça, n'ayant encore pas franchement travaillé l'archet, quand j'essaie je me concentre tellement sur la main droite que l'autre est à l'ouest! monotache!

[gromer]

dedieu l'effet DOMINO du stress!

j'avais confiance dans mon oreille en pizz. Des fois je mets à coté, pas grave, on recommence ou enchaine en prenant note, c'est selon. Ce matin, au reveil je commence à chercher des bourdon/tampura, des enregistrements d'intervalles de quartes etc. Et je me dis stop, tu psychotes. je prends l'archet direct sur la petite sequence de notes de la valse, re mi, fadiese, sol la si. Pas trop mal, avec la reference cordes à vide. J'essaye de redescendrela gamme jusqu'au sol grave. Et apres le do... blocage. J'oublie de jouer le si. Stop, arrete de flipper, cette gamme ça fait un an que je la joue en pizz, faut pas deconner, je la connais. Une clope. Change d'exo. La valse, que j'ai memorisée... que dalle. Je dois la lire. OK, ça revient, je fais tourner sans tempo, juste la melodie. Ajoute le metronome, blanche pointée la noire à 80. Tadam, c'est Parkinson qui tient l'archet. Stop,change d'exo, remets le morceau en pizz. Ca fait quinze jours que je le bosse et il tourne maintenant. Sans puis avec metronome à 120. Et badadoum, je me vautre sur le passage swing à shuffle. Recommence. Et je me fous à l'envers. Et j'ai des trous...Et là, je me rends compte que j'ai le trac. Pourtant j'ai joué, de la musique, la comedie, ça m'a jamais genée plus que ça, le taf est derriere, apres.... Là, le flip. Mes petits morceaux, ils sont pour des " cinq ans". J'en ai cinquante de plus et c'est la débandade.Avec les symptomes physio, tachycardie, hyperventilation, le cerveau qui te laisse en rade, au lieu d'enchainer comme d'habitude quand tu t'entends mettre un pain.
Alors STOP.
Regarde à quel point tu es en train de partir en vrille.
Vire.
Tout.
ET " Remonte sur le tatami"

[gromer]

Bon, apres le cours...
une partie du pb arco vient du coude crispé qui fait remonter la md au fur et à mesure. La main c'est toujours n'importe quoi. Coté mg, elle trouve ça pas trop faux mais je joue le 4 avec deux doigts au lieu de poser la main. Et il y a bien la question de la position de la contre, plus verticale, que dans le jeu pizz. Et je perds le repere du pouce en oppsotion. Il est en l'air. Donc integrer ça: c'est pas la même position du corps, les reperes changent. Pratiquer, full stop.

le morceau en pizz est à ch... il y a des jours où " ça ne veut pas".

Question du " trac, reflexions dans le bus": c'est une audition, pas un concert ou une piece. Dans ces deux cas, il y a" le collectif", pour moi. Soit le fun, la complicité de jouer avec les autres et le public est secondaire. Soit on est dans un collectif pour montrer une illusion, un spectacle. Et c'est ça qui guide, avec un etat d'hyper receptivité au jeu des autres pour ajuster vers un but. Le comedien et ses etats d'ame, on s'en fout, le public vient voir une piece qui lui parle de lui.
Audition egale jugement? Des soutenances, j'ai su gérer. En plus, je pratique en amateur, pas dans un cursus. Mais si, quand même. Le "but" ici, c'est de (me) prouver que j'ai progressé dans le controle de l'instrument par rapport à un niveau zero. C'est pas pour " faire de la musique".. Et c'est là, aussi, que ça manque. La pratique collective, la répète, la dynamique, les ajustements, l'effet du son, de l'energie. Là, une repete prevue apres les vacances et une avec les petits. Et c'est ça qui me manque. Ce travail en aveugle, ne pas avoir la moindre idée de comment le morceau va sonner, comment il est censé, comment on voudrait qu'il sonne.

[gromer]

part 3

j'hesite à laisser mes meandres mais y'en a peut-être d'autres qui rament en eaux troubles? ou pas.
La resolution du trac lié au manque de retour dans des repets.

On vient de passer 4 heures à bosser des eclairages, equipe technique, un comedien, le metteur en scene, et moi qui fait le guignol sur scene en place des comediens pour voir si sur tel déplacement, le comedien sera dans la lumiere. On fait au plus serré. "Oui MAIS, le comedien se tient là, tu comprends il exprime..." dit le metteur en scene. Au bout d'un moment on dit "stop. Y'a plus de place pour monter un projo supplémentaire. Le comedien va gérer, c'est son taf. Il va se rendre compte s'il est dans la lumiere ou pas et faire un pas pour s'y retrouver". C'est son taf.

Et ça, je sais faire. En concert ou au theatre, des fois ça part en c... et ça se gère. D'une façon ou d'une autre, avec des processus pas tres " conscients", une capacité d'adaptation qu'on a quasiment tous. On le voit au quotidien aussi, notre capacité à gérer l'urgence, en particulier quand les enfants se sont blessés. Il y a " autre chose" qui reflechit à notre place. C'est à ça qu'il faut faire confiance.

Jouer " comme un pro", même sur maman -les-ptis-bateaux.

ta musique, comme un texte, su " au rasoir". Pour plus avoir à y penser. Et ça sortira " en l'état". Je suis un " apprenant", pas Charlie Haden, sinon je ne serais pas là. Ne pas perdre de vue que la musique, c'est vivant. Avec toutes les incertitudes du vivant. Sinon, on graverait des pierres tombales.

et savoir, une fois pour toutes, qu'on l'a, cette capacité d'écoute et d'adaptation.

Patrick disait dans un post sur le trac qu'il fallait rechercher ce qui nous fait tripper dans notre musique, s'ancrer dans ces emotions. Il disait aussi qu'on pouvait utiliser le trac. J'ai vu des comediens le faire, je sais utiliser la maladie, les etats d'angoisse ou de dépression pour les mettre au service du jeu d'acteur. Dorine lasse plutot qu'agacée par la timidité de Marianne. Et ca le fait, si on la guide quand elle ne comprend pas. Faire confiance à l'autre.

Il y a une floppée de leviers pour le trac. Parce qu'on est vivant, parce qu'on a traversé une floppée de situations où, sans savoir comment, on a " géré".

La confiance en soi, elle est dans les os, où tu voudras, au fond du fond. C'est ce qui t'a permis de survivre jusqu'à maintenant. Alors, l'audition...