A bord du Titanic, une contrebassiste hollandaise, Mimolept. Un de tes doubles quantique et femelle, ayant choisi la voie XX au moment de la conception. A l’époque, il y avait une mode des orchestres de filles, comme on voit dans le film « certains l'aiment chaud ». Mimolept ressemblait davantage à Marilyn qu'à Jack Lemmon.
Alors, bon, le navire va s'empaler sur un iceberg. De Caprio lancine. Mimolept est confrontée au dilemme : ou se faire un radeau de fortune de la caisse de la contrebasse, ou sombrer en berçant son instrument d'amour. Elle décide de jouer ( des toniques/quintes..jusqu'à ce que mort s'ensuive, histoire de ne pas trop souffrir de célinedionite aiguë dans ses derniers instants).
Et voila. Craaaak.
Tout s'engloutit. Les petites cuillères aussi.
Mimolept perd connaissance, hypothermie. Les bras crispés, congelés autour de la contrebasse.
La caisse est creuse. La contrebasse flotte et dérive, Mimolept toujours évanouie cramponnée rigidifiée, cryogénisée.
La mer les pousse finalement sur un rivage. Une île des Orcades. C'est pas baisant les Orcades coté climat, pas franchement riant mais peut-être un peu moins froid que Terre Neuve…
Petit à petit, Mimolept se décongèle, lâche sa contrebasse, s'assied, regarde autour d'elle.
Loin là bas, elle voit une silhouette courbée dans un traîneau tiré par des chiens qui file à toute vitesse. Et puis, pas loin derrière, une autre silhouette, qui poursuit la première. Elle court en agitant les bras maladroitement.
Et puis encore un traîneau, et encore un poursuivant.
Et encore. Et encore.
Mimolept se frotte les yeux. « Mince, doit y'avoir un nid. Ce sont des idilles. Un nid d'idilles. Pire que les frelons, ces vacheries ! Et qu'est-ce que j'ai faim !»
Et puis… non. Elle les reconnaît. C'est Victor Frankenstein qui tente follement d'échapper à sa créature, ou peut-être de l'epuiser à mort dans cette course acharnée. Et, oui, s'ils passent et repassent comme ça, devant ses yeux, c'est qu'on est sur une toute petite ile. Mimolept connaît bien le roman et l'idée du barbecue final lui souleve le coeur. « eh ben, on est mal barrées, ma grosse, dit la vaillante petite contrebassiste en attrapant son instrument. Oùsk et pour kisks'on va bien pouvoir busker pour une pitance ? «
Mimolept se met en marche avec la contre. Elle trouve une ouverture dans le rocher, assez grande pour s'y mettre à l'abri et reprendre ses esprit. Elle retire délicatement de ses jarretières, une flasque de whisky et son briquet tempête. Avec quelques bouts de bois, elle allume un petit feu pour faire dégeler Mémère. Ça craque. Les boyaux, ça va. Elle avait pris des bons, des boyaux de chat à 9 vies. Ils semblent avoir tenu le choc.
Mimolept se met à jouer pour réchauffer sa contrebasse de partout. Le son est quand même bizarre, mouillé. Il se réverbère contre les parois mais d'une façon molle, suintante, couinante. Imagine le son le plus répugnant, le son qui te glace le sang….
« Je suis ton Père.
C'est moi, Nyarlathotep,
Mimolept ma fille.
Ta basse, elle souffre d'un décollement d'âme.
En ces lieux désolés, point de luthier.
L'unique remède, c'est de t'arracher la tienne, d'âme.
D' « ême », comme dit Celine Dion.
Désormais, tu t’appelleras
Imolept
exact anagramme de l’Irréductible. »
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Pour Leptimo.
T'as bien fait de choisir de naître garçon, c'est quand même plus cool, non?