timo a écrit : Eviter une impasse, c'est quand même pas être négatif, non ?
Bien sûr que non. Ce qui est négatif, c'est de porter un jugement ("pseudo-oreille absolue") sur un bouquin sans l'avoir lu. Je ne suis pas assûré, pour ma part, que le bouqin de Mme Desportes permette en effet d'acquérir l'oreille absolue (d'ailleurs son ouvrage ne s'appelle pas "Comment acquérir l'oreille absolue ?" mais "Comment former l'oreille musicale ?"). C'est quand tu l'ouvres que tu t'aperçois que ce qu'elle propose y ressemble fort. Pour reprendre tes propos de tout à l'heure, il ne s'agit pas d'acquérir une "immédiateté perceptive" comparable à celle qui fait qu'on reconnaît le rouge du vert sans avoir besoin d'un quelconque étalon de référence, il s'agit de faire intérioriser ou mémoriser, comme tu voudras, par l'apprenant, un certain nombre de fréqences qui lui permettront au terme de son apprentissage de reconnaître sans avoir besoin d'un diapason si ce qu'il entend est un Do #, un Sol ou un Fa.
Que les spécialistes de la psychologie de la perception aient à distinguer entre cette "oreille absolue"-là et une "oreille absolue absolue" ne m'importe qu'à la marge, par sympathie pour leur recherche. Ce qui m'intéresse là-dedans, c'est l'acquisition d'une capacité à reconnaître quasi-instantanément la hauteur d'une note, et je pense que c'est cela aussi qui peut intéresser Georges, qui a lancé la discussion.
" Dan : - Et l'oreille absolue est d'une indiscutable utilité en dictée musicale".
" Timo : - C'est vrai. Mais la dictée musicale n'est pas un but en soi, c'est un moyen (précieux !) de développer (et de tester) un ensemble de compétences. Et je pense que les méthodes qui sont basées sur la mémorisation de notes sont peut-être un bon moyen pour réussir son examen à court terme..."
Pour le moment, c'est ce que je leur demande. Je ne méconnais pas pour autant, bien au contraire, la valeur formatrice d'autres types d'exercices ou d'activités, comme le repiquage sur un disque de chorus, de lignes de basse, voire d'harmonies. Mais je crois pour ma part que tout fait ventre, ou plutôt que tout "fait oreille" : dictées musicales, repiquages, écoute de disques, écoute de concert, pratiques collectives en jazz ou en classique (ou d'autres genres musicaux, cela va de soi), etc. Pour le moment, j'ai besoin d'acquérir une certaine compétence en dictée musicale, de manière à me mettre en mesure de franchir les étapes du cursus des écoles de musique, lequel cursus me permet par ailleurs de bénéficier d'enseignements de grande qualité en formation instrumentale et en travail d'orchestre. Que la dictée musicale d'école rencontre quelque part ses limites, je m'en doute, figure-toi, tout comme bien d'autres aspects de l'enseignement en conservatoire, qui est loin de constituer la panacée (Patrick Manet a écrit le 23 mars 2008 sous le sujet "Ecole de musique et ruralité", dans cette même partie "Pédagogie" du forum, des lignes extrêmement pertinentes auxquelles je souscris à peu près complètement). Mais voilà, il faut que j'y passe. Et si je glane quelque part un renseignement ou un titre de bouquin qui peut être utile à d'autres, il n'y a pas de raison de ne pas les en faire profiter. Il y a peut-être d'autres personnes sur le forum qui sont en école de musique et que ça intéressera.
... mais qu'elles ont un effet éphémère qui les rend contre-productives pour le long terme, comme tout apprentissage basé sur le bachotage.
Le bachotage, ce n'est pas ça, c'est apprendre quasiment par coeur sans les avoir forcément bien comprises des pages et des pages de manuel ou de cours magistral et les restituer à l'exam sans les avoir digérées. Là, il ne s'agit pas d'apprendre par coeur "tous les résultats possibles de toutes les multiplications possibles", comme l'élève de "La Leçon" de Ionesco. Il s'agit d'apprendre les tables qui permettent de faire les multiplications soi-même : ce n'est tout de même pas pareil !
Personnellement, j'ai intégré la dictée musicale et d'autres formes d'entraînement de l'oreille relative à mon boulot de tous les jours (j'utilise GNU Solfege), et ça m'a vraiment énormément aidé.
Tu as raison, j'essaie d'en faire autant (cf. + haut, "tout fait ventre"). Et d'ailleurs, si tu peux me dire ce que c'est que "GNU solfege", ça m'intéresse (si on traduit littéralement, c'est qqch comme "la méthode du gnou". De l'antilope, quoi. Qu'est-ce que c'est ?)
Ben écoute, moi ma capacité de travail, elle a des limites ; au bout de quelques heures de boulot j'en ai généralement marre, et après je viens faire le péremptoire sur les forums internet ! Du coup, j'essaie toujours de travailler des choses qui me semblent prioritaires, et d'éviter les impasses : la musique est tellement vaste ; il y a tellement de choses qui restent à faire !
Ben je sais pas, moi... essaie de moins faire le péremptoire, tu auras peut-être plus de temps (bon, d'accord, ça, c'était la vacherie facile. Je retire).
Plus sérieusement : nous sommes d'accord, il faut traiter prioritairement les priorités. L'une des miennes est pour le moment la dictée d'école. Toi, tu en as d'autres. Chacun voit midi à sa porte : tout le monde n'est pas déjà "passé pro" !