Gomez tripes et boyaux, Evans verbatim
Publié : 05 oct. 2009, 23:47
Nous sommes à la fin des années 1960. Vous êtes un jeune compositeur finlandais en vue de 36 ans, que personne ne connaît (Ilkka Kuusisto). Vous disposez d'un loft plutôt sympathique donnant sur le golfe d'Helsinki, et d'un piano pas immonde. Le trio de Bill Evans est de passage dans le coin. C'est le moment ou jamais de faire jouer vos relations et d'organiser un apéritif exclusif qui rendra vos petits amis fous de jalousie. Comme les absents ne vont pas vous croire, vous dépêchez carrément sur place une équipe de la radio-télévision publique nationale de Finlande, la YLE. Et voilà le putain de résultat. [À voir et à écouter en HQ. Pour archiver, voir plus bas ici même.] Eddie Gomez y fait un solo a capella impérial. C'était la belle époque où il jouait sur des boyaux.
Sur cette dernière capture de la YLE, Bill a un look terrible, et une vraie tête de junkie. Quand on lui demande quel compositeur classique il préfère, il répond simplement "Bach". Et un crétin lui dit, genre un peu déçu, ou blasé : "Oh, c'est très ordinaire !". Evans se sent alors obligé d'étoffer sa liste (Haydn, Mozart, Debussy, Bartok). Puis vient une question très intéressante sur l'avant-garde en jazz. Evans comprend qu'on l'interroge sur le free jazz. Sa réponse est habile : il parle de limites à s'imposer à soi-même, pour pouvoir communiquer avec les autres, et fait l'analogie avec le petit enfant qui pleure dans son lit : personne ne lui reproche de s'exprimer, mais personne non plus ne l'enregistre !
Notez qu'à la fin, Bill, après vous avoir félicité pour la qualité de votre piano, n'a pas l'air d'avoir très soif ("Il va falloir qu'on s'en aille assez vite..."). Pas grave, vous pourrez éventuellement couper ça au montage. D'ailleurs, vous allez même réussir à le garder pour une interview, qui vaut la peine, pour le contenu et pour ce magnifique noir et blanc. Bien joué !
Sur cette dernière capture de la YLE, Bill a un look terrible, et une vraie tête de junkie. Quand on lui demande quel compositeur classique il préfère, il répond simplement "Bach". Et un crétin lui dit, genre un peu déçu, ou blasé : "Oh, c'est très ordinaire !". Evans se sent alors obligé d'étoffer sa liste (Haydn, Mozart, Debussy, Bartok). Puis vient une question très intéressante sur l'avant-garde en jazz. Evans comprend qu'on l'interroge sur le free jazz. Sa réponse est habile : il parle de limites à s'imposer à soi-même, pour pouvoir communiquer avec les autres, et fait l'analogie avec le petit enfant qui pleure dans son lit : personne ne lui reproche de s'exprimer, mais personne non plus ne l'enregistre !