xAv' a écrit :tous dans la même piece , deux micro direct sur un DAT , un leger master et hop à la presse.
Moi aussi je suis fan de cette méthode d'enregistrement (de Ben Wolfe aussi bien sûr) mais je me suis rendu compte que c'est loin d'être le cas de tout le monde. Je m'en suis rendu compte dans mon activité annexe d'ingénieur du son : 95% des musiciens ne veulent pas abandonner la possibilité de bidouiller l'enregistrement après coup. C'est aussi difficile à réaliser : il faut une très bonne pièce, passer des heures à bouger le traitement acoustique, déplacer les musiciens sans arrêt... Et après, quand c'est fait, c'est fait ! S'il y a un pain, ben il est définitif et si le mix ne convient pas, c'est pareil !

Donc, il faut des gens sûrs d'eux.
Pour l'auditeur, c'est un peu pareil. On avait enregistré le premier disque de Grand Six avec cette méthode, et on a eu des commentaires assez variés sur la qualité du son : la moitié des gens adorait le son et ce réalisme, et l'autre n'aimait pas du tout, trouvait que ça "manquait de relief", que c'était "brouillon", etc.
Enfin bon, chapeau bas à ceux qui ont le cran de le faire ! J'adore ce son quand c'est bien fait ! Mais même Ben Wolfe a enregistré son dernier disque (No Strangers Here) avec des méthodes plus traditionnelles.
benoit a écrit :Par deux fois, dans des groupes différents, les enregistrements systématiques des répétitions ont perturbé la vie du groupe et nous ont amenés à utiliser le magnéto avec modération.
Oui, ça c'est un vrai danger parce que c'est très dur de s'entendre quand on n'en a pas l'habitude. Mais c'est comme tout, ça se travaille.

Je te suggèrerais d'encourager chaque membre du groupe à s'enregistrer tout seul à la maison en travaillant, et à se réécouter systématiquement. C'est déjà pas facile, mais on est tout seul face à soi-même, donc c'est plus jouable. Et au bout d'un moment, on commence à connaître son jeu "de l'extérieur", et on est plus à même d'analyser un enregistrement de répétition de manière calme.
Ensuite, il faut définir quelques règles pour les critiques des enregistrements : 1)
les jugements de qualité ne sont pas productifs. C'est aussi inutile de dire "c'est nul" comme de dire "c'est super". On s'en fout. Le but n'est pas de se flageller, ni de se cirer les pompes. La seule chose qui compte, c'est de remarquer froidement de petites choses qu'il est possible d'améliorer, pour guider le travail du groupe. Exemple : dans une ballade, le groupe accélère systématiquement

on bosse au métronome pendant la prochaine répé. Et 2)
Pas d'accusations. Si ça accélère, c'est le problème de tout le monde, pas seulement du batteur. Si ça joue faux, c'est pas toujours le bassiste. On est une équipe, on se serre les coudes. Exemple : on ne dit pas au batteur qu'il "joue derrière" avec un regard accusateur. On remarque qu'il sent peut-être le tempo différemment et se place derrière les autres musiciens, mais on n'exclut pas la possibilité que ce sont peut-être les autres qui cherchent à être devant lui du point de vue du temps. Ensuite on prépare des exercices pour aider tout le monde à sentir sa place. 2bis)
Pas de dogmatisme. On ne dit pas "la contrebasse doit jouer devant", on dit, "moi j'aime quand la contrebasse joue devant".