Re: Analyses de la situation - partages d'articles qui vous ont plu.
Publié : 09 mai 2020, 21:16
Le jour où la caissière a «su planter» le gestionnaire
3 mai 2020 Par Mouais, le journal dubitatif Blog : Le blog de Mouais, le journal dubitatif
On l'appelle aujourd'hui le « point de bascule de l'anthropocène », c'était à l’orée de l'année 2020, un simple virus a renversé radicalement l’ordre des choses. Lors de ce que l'on nommait le « confinement », la population française, travaillée par des années de luttes, a soudainement réalisé que les métiers les plus importants étaient d'ordinaire les plus invisibilisés, les plus déconsidérés.
Lors de ce que l'on nommait le « confinement », la population française, travaillée par des années de luttes (de Nuit Debout aux Gilets Jaunes), a soudainement réalisé que les métiers les plus importants étaient d'ordinaire les plus invisibilisés, les plus déconsidérés, des « emplois non qualifiés » disait-on, les métiers les plus mal payés et principalement occupés par des femmes, même si l'on ajoutait qu'il n'y a pas de sot métier. Alors que les Français étaient assignés à résidence, ces professionnels continuaient d'assurer les fonctions les plus essentielles à notre société. Aides-soignants, auxiliaires de vie, petits commerçants, employés de nettoyage, caissiers, éboueurs, transporteurs... exerçaient leur métier au péril de leur vie (et celle des autres). « Nous redécouvrons que tout travail est une forme d’altruisme » déclarait l'agrégé d’économie et docteur en sciences de gestion Olivier Babeau le 7 avril 2020 (lefigaro.fr).
Il apparaissait que dans la grande balance de l'apport de chacun à l'intérêt général, ces salariés (pour la plupart) étaient nettement plus utiles à la France que les publicitaires, les avocats fiscalistes ou les consultants en management. Ceux qui étaient considérés comme des « riens » que l'on croise dans les gares lorsqu'on a réussi, nous ont montré que « l’ascenseur social » tant vanté menait souvent à des emplois antisociaux, voire climaticides puisque contribuant à la destruction de notre écosystème et au réchauffement climatique. L'oligarchie, qui fonctionnait en vase clos de manière népotique et qui validait tous les consensus libéraux, s'est retrouvée face à une évidence : sans ces « riens », ils ne survivent pas.
Criante vérité : ces pseudo-élites ne servaient à rien, voire étaient nuisibles à la collectivité. Ces gestionnaires de tous poils ne créaient aucune vraie valeur. Il fallait donc repenser la question du « statut social », réfléchir sur la « valeur » des métiers. Pour le citoyen, la caissière qui gagnait 800€ par mois devenait infiniment plus précieuse et valeureuse que le directeur en ressources humaines d'une marque polluante et exploitatrice.
Aux États-Unis, on se rendait compte que les Afro-Américains étaient les plus touchés par le virus, parce que devinez quoi, oui c'étaient eux qui occupaient en masse les emplois les plus précaires... mais les plus essentiels. Ces précaires du monde entier s'agglutinaient dans les transports en commun pour aller au boulot, dans l'impossibilité financière de rester confinés, ils produisaient et acheminaient les biens dont nous ne pouvions pas nous passer, ils nettoyaient les hôpitaux, ils ramassaient les ordures. Se nourrir, se soigner, se vêtir et se loger, voilà les besoins sociaux essentiels que nous semblions découvrir, et non des tableurs Excel présentant les projections prévisionnelles des cours boursiers.
Mener une vie dans des conditions véritablement humaines, authentiquement humaines, impliquait déjà qu'il y ait des services publics de qualité, que l'on intègre la notion de « commun », et pour cela, il fallait récupérer de l'argent, beaucoup d'argent. Vous connaissez la suite, c'est allé très vite. Après la destitution du président M. et son gouvernement, une constituante et la fondation d'une nouvelle république amenèrent à l'instauration d'un salaire universel et la nationalisation des entreprises essentielles à notre autonomie ; des dizaines de milliers d'agriculteurs diplômés furent formés et il y a trois mois, la « grande nomenclature des aliments probes » fut votée par référendum et imposée à la grande distribution : les pâtes et le pain furent déclarés « essentiels », mais le Nutella à l'huile de palme fut prohibé. La « nomenclature » vise notamment les entreprises et produits jugés responsables de la crise écologique actuelle et de l'exploitation abusive des travailleurs.
Aujourd'hui, les grilles de salaires (cumulables au salaire universel) s'attachent aux activités et besoins essentiels. Ainsi les artisans menuisiers, boulangers, les électriciens et métiers du bâtiment par exemple, ont acquis des « taux de valeur » de premier rang, ils sont à présent surnommés les « premiers de cordée » en référence au président déchu dont chacun a honte de prononcer le nom.
Renverser les élites financières et réquisitionner leurs actifs et patrimoines ont permis de financer très facilement la République Solidaire dont nous sommes citoyens. Alors qu'on nous enjoignait à rêver de devenir milliardaire, nos compatriotes s'éveillent dorénavant le matin en se demandant « comment m'épanouir en me sentant utile à l'intérêt général ? ».
Et hier, le dernier gestionnaire de patrimoines de notre pays a cessé son activité ! Il dit en être arrivé là à cause de ses parents et a secrètement toujours voulu confectionner des chapeaux. Nous lui souhaitons une grande réussite !
Bob
Cet article est extrait du Mouais du 1er mai. Il nous vient de mai 2025. Une période dans laquelle notre société, suite à l’effondrement du capitalisme, est désormais organisée selon les préceptes de l’écologie libertaire et de la démocratie directe. Mais comment cette «possitopie» fonctionne? Retrouvez tous les détails ici en accès libre & gratuit : https://fr.calameo.com/books/006110248c246080b6403
3 mai 2020 Par Mouais, le journal dubitatif Blog : Le blog de Mouais, le journal dubitatif
On l'appelle aujourd'hui le « point de bascule de l'anthropocène », c'était à l’orée de l'année 2020, un simple virus a renversé radicalement l’ordre des choses. Lors de ce que l'on nommait le « confinement », la population française, travaillée par des années de luttes, a soudainement réalisé que les métiers les plus importants étaient d'ordinaire les plus invisibilisés, les plus déconsidérés.
Lors de ce que l'on nommait le « confinement », la population française, travaillée par des années de luttes (de Nuit Debout aux Gilets Jaunes), a soudainement réalisé que les métiers les plus importants étaient d'ordinaire les plus invisibilisés, les plus déconsidérés, des « emplois non qualifiés » disait-on, les métiers les plus mal payés et principalement occupés par des femmes, même si l'on ajoutait qu'il n'y a pas de sot métier. Alors que les Français étaient assignés à résidence, ces professionnels continuaient d'assurer les fonctions les plus essentielles à notre société. Aides-soignants, auxiliaires de vie, petits commerçants, employés de nettoyage, caissiers, éboueurs, transporteurs... exerçaient leur métier au péril de leur vie (et celle des autres). « Nous redécouvrons que tout travail est une forme d’altruisme » déclarait l'agrégé d’économie et docteur en sciences de gestion Olivier Babeau le 7 avril 2020 (lefigaro.fr).
Il apparaissait que dans la grande balance de l'apport de chacun à l'intérêt général, ces salariés (pour la plupart) étaient nettement plus utiles à la France que les publicitaires, les avocats fiscalistes ou les consultants en management. Ceux qui étaient considérés comme des « riens » que l'on croise dans les gares lorsqu'on a réussi, nous ont montré que « l’ascenseur social » tant vanté menait souvent à des emplois antisociaux, voire climaticides puisque contribuant à la destruction de notre écosystème et au réchauffement climatique. L'oligarchie, qui fonctionnait en vase clos de manière népotique et qui validait tous les consensus libéraux, s'est retrouvée face à une évidence : sans ces « riens », ils ne survivent pas.
Criante vérité : ces pseudo-élites ne servaient à rien, voire étaient nuisibles à la collectivité. Ces gestionnaires de tous poils ne créaient aucune vraie valeur. Il fallait donc repenser la question du « statut social », réfléchir sur la « valeur » des métiers. Pour le citoyen, la caissière qui gagnait 800€ par mois devenait infiniment plus précieuse et valeureuse que le directeur en ressources humaines d'une marque polluante et exploitatrice.
Aux États-Unis, on se rendait compte que les Afro-Américains étaient les plus touchés par le virus, parce que devinez quoi, oui c'étaient eux qui occupaient en masse les emplois les plus précaires... mais les plus essentiels. Ces précaires du monde entier s'agglutinaient dans les transports en commun pour aller au boulot, dans l'impossibilité financière de rester confinés, ils produisaient et acheminaient les biens dont nous ne pouvions pas nous passer, ils nettoyaient les hôpitaux, ils ramassaient les ordures. Se nourrir, se soigner, se vêtir et se loger, voilà les besoins sociaux essentiels que nous semblions découvrir, et non des tableurs Excel présentant les projections prévisionnelles des cours boursiers.
Mener une vie dans des conditions véritablement humaines, authentiquement humaines, impliquait déjà qu'il y ait des services publics de qualité, que l'on intègre la notion de « commun », et pour cela, il fallait récupérer de l'argent, beaucoup d'argent. Vous connaissez la suite, c'est allé très vite. Après la destitution du président M. et son gouvernement, une constituante et la fondation d'une nouvelle république amenèrent à l'instauration d'un salaire universel et la nationalisation des entreprises essentielles à notre autonomie ; des dizaines de milliers d'agriculteurs diplômés furent formés et il y a trois mois, la « grande nomenclature des aliments probes » fut votée par référendum et imposée à la grande distribution : les pâtes et le pain furent déclarés « essentiels », mais le Nutella à l'huile de palme fut prohibé. La « nomenclature » vise notamment les entreprises et produits jugés responsables de la crise écologique actuelle et de l'exploitation abusive des travailleurs.
Aujourd'hui, les grilles de salaires (cumulables au salaire universel) s'attachent aux activités et besoins essentiels. Ainsi les artisans menuisiers, boulangers, les électriciens et métiers du bâtiment par exemple, ont acquis des « taux de valeur » de premier rang, ils sont à présent surnommés les « premiers de cordée » en référence au président déchu dont chacun a honte de prononcer le nom.
Renverser les élites financières et réquisitionner leurs actifs et patrimoines ont permis de financer très facilement la République Solidaire dont nous sommes citoyens. Alors qu'on nous enjoignait à rêver de devenir milliardaire, nos compatriotes s'éveillent dorénavant le matin en se demandant « comment m'épanouir en me sentant utile à l'intérêt général ? ».
Et hier, le dernier gestionnaire de patrimoines de notre pays a cessé son activité ! Il dit en être arrivé là à cause de ses parents et a secrètement toujours voulu confectionner des chapeaux. Nous lui souhaitons une grande réussite !
Bob
Cet article est extrait du Mouais du 1er mai. Il nous vient de mai 2025. Une période dans laquelle notre société, suite à l’effondrement du capitalisme, est désormais organisée selon les préceptes de l’écologie libertaire et de la démocratie directe. Mais comment cette «possitopie» fonctionne? Retrouvez tous les détails ici en accès libre & gratuit : https://fr.calameo.com/books/006110248c246080b6403